par Bate Felix et Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Total (PARIS:TOTF) devrait annoncer mercredi un relèvement de ses objectifs de réductions de coûts dans un contexte de prix du pétrole bas qui soulève des interrogations sur la capacité du groupe à maintenir son dividende, selon des analystes sondés par Reuters.
A l'occasion d'une journée investisseurs organisée à Londres, la deuxième compagnie pétrolière européenne par la capitalisation boursière devrait également dévoiler sa nouvelle politique d'exploration, un domaine dans lequel elle a reconnu l'échec de sa stratégie ces dernières années.
"Nous pensons que l'équipe de direction va continuer de se concentrer sur la pérennité du dividende et déployer des mesures supplémentaires pour soutenir celui-ci", ont estimé les analystes de Morgan Stanley (NYSE:MS) dans une note.
Le groupe a fait passer son dividende de 1,87 euro par action au titre de 2006 à 2,44 euros au titre de 2014 et a maintenu ses acomptes trimestriels à 0,61 euro depuis juin 2014 alors que, dans le même temps, les cours du pétrole ont plongé de plus de 50%. Il a aussi décidé en mai de proposer le paiement du dividende en actions ou en numéraire pour tous les acomptes au titre de 2015.
Alors que Total avait annoncé en septembre 2014 son intention de réduire ses coûts d'exploitation de 2 milliards de dollars par an en 2017, il a en outre clairement indiqué fin juillet que son objectif de 1,2 milliard pour la seule année 2015 serait dépassé.
"Nous nous attendons à une importante remise à plat du plan stratégique de la part du directeur général Patrick Pouyanné, qui cherche à apporter au groupe une culture différente dans laquelle le contrôle des coûts et la rentabilité sont prioritaires", ont indiqué les analystes de Citi.
La journée investisseurs de mercredi sera la première du genre pour le dirigeant depuis qu'il a succédé à la tête de Total à Christophe de Margerie, mort en octobre 2014 dans un accident d'avion. Patrick Pouyanné avait auparavant lancé une importante restructuration de la branche Raffinage-Chimie du groupe.
"Ce sera intéressant de savoir quelle est sa vision des prix du pétrole et de leur impact sur la stratégie de Total pour les deux à trois prochaines années", a estimé un analyste de Bernstein basé à Londres.
"CE QUI NOUS MANQUE, C'EST UNE BELLE DÉCOUVERTE"
Tandis que les mesures d'économies annoncées par Total en début d'année visaient à réduire à 70 dollars par baril son point mort (à partir duquel l'exploitation est rentable), certains analystes estiment que, pour couvrir son dividende avec sa génération de trésorerie disponible, le groupe doit désormais s'adapter à un prix de 60 dollars par baril en 2017.
Des précisions sur la réduction à venir de ses investissements et peut-être une révision à la hausse de son programme de cessions - 10 milliards de dollars sont pour le moment visées d'ici 2017 - sont aussi attendues mercredi.
Le groupe a déjà fait savoir en juillet que ses investissements organiques continueraient de baisser et devraient ainsi s'établir à moins de 20 milliards de dollars par an à partir de 2017.
Ces éléments compenseraient en partie une possible révision à la baisse de l'objectif de production à l'horizon 2017, de 2,8 millions de barils par jour, qui pourrait selon certains analystes passer à quelque 2,6 millions.
Symbole de la volonté du groupe de faire mieux avec des moyens réduits, Total devrait en outre présenter sa nouvelle politique en matière d'exploration sous la houlette d'un nouveau patron, Kevin McLachlan, entré en fonction début 2015 avec un budget réduit d'un tiers environ.
"Ce qui nous manque vraiment aujourd'hui, c'est une belle découverte", reconnaissait récemment un haut dirigeant de Total.
Selon des sources au fait de la réorganisation en cours de la branche exploration, Kevin McLachlan a notamment été encouragé par la direction de Total à aller chercher de nouveaux talents hors du groupe.
(Avec Michel Rose, édité par Dominique Rodriguez)