Nicolas Sarkozy a exhorté lundi les industriels français à jouer la carte de l'innovation et de la recherche pour "relever le défi de la mondialisation" et a défendu le rôle de l'Etat dans leur secteur, en inaugurant le Salon aéronautique du Bourget.
"Si nous ne sommes pas compétitifs, il n'y a plus d'industrie aéronautique (...) Il y a une seule stratégie possible, relever le défi de la mondialisation en étant plus innovant, plus imaginatif et plus compétitif", a déclaré M. Sarkozy devant un parterre de dirigeants et de salariés des entreprises françaises de l'aéronautique et de la défense.
"Chacun voit bien ici toute l'absurdité qu'il y aurait à vouloir se replier sur nous-mêmes. Ce serait absurde, une industrie qui dégage 18 milliards (d'euros) d'excédent (commercial) ne peut pas se replier sur elle-même", a-t-il estimé. "Il faut donc relever les défis de la mondialisation", a-t-il ajouté.
"Refuser la mondialisation n'a pas de sens, on resterait seul dans notre coin, à bouder. Mais qui le paierait? Les Français, qui perdraient des emplois", a poursuivi, plus politique, le chef de l'Etat en faisant référence au thème de campagne lancé par le député PS Arnaud Montebourg, un des candidats à la primaire socialiste.
"Le débat sur la mondialisation est légitime mais la France a tous les moyens de relever les défis", a toutefois concédé M. Sarkozy en terminant son discours, avant de réaffirmer que, selon lui, "la meilleure solution face à la mondialisation, c'est de regarder vers l'avenir, et non pas vers le passé".
Dans son propos, le président a également réaffirmé que l'Etat avait "un rôle à jouer" dans les secteurs industriels stratégiques, rappelant les "décennies d'investissements publics" dans l'aéronautique et le niveau des crédits d'équipements accordés à la défense "malgré la crise".
"Allez donc demander à nos amis américains si l'Etat américain se désintéresse de Boeing. Vous susciterez un immense éclat de rire", a assuré M. Sarkozy. "Cela ne les empêche pas de s'affirmer libéraux et de soutenir avec détermination leur industrie, et bien nous non plus, on ne doit pas faire de complexes", a-t-il ajouté.
Le président n'a pas fait allusion à la future commande géante d'avions longs-courriers que doit passer Air France/KLM, dont l'Etat détient 15,7% du capital. Plus d'une centaine de députés de tous bords et le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche ont demandé à la compagnie de préférer l'européen Airbus à son rival américain Boeing.
Pour soutenir l'effort de recherche des industriels, M. Sarkozy a répété qu'il n'était "pas question" d'abandonner le crédit impôt recherche. Et il a indiqué qu'il confirmerait "dans quelques jours", en principe lors d'une conférence de presse, les affectations de "quelque 20 milliards d'euros de dépenses" prévues dans le cadre du grand emprunt.