par Tiisetso Motsoeneng et Martinne Geller
JOHANNESBURG/LONDRES (Reuters) - Anheuser-Busch InBev a annoncé lundi avoir de nouveau approché SABMiller lundi avec une proposition de rachat améliorée, à moins de trois jours de la date limite fixée par les autorités boursières pour lancer officiellement ce qui serait la plus gros rachat d'entreprise de l'histoire du Royaume-Uni.
Confirmant des informations de la chaîne de télévision Sky News, AB InBev, qui possède entre autres les marques Budweiser et Stella Artois, a déclaré dans un communiqué avoir soumis à sa cible un projet de rachat à 43,50 livres par action. Dimanche, une source proche du dossier avait déclaré à Reuters qu'une nouvelle offre entre 43 et 44 livres par action était une possibilité.
SABMiller n'a fait aucune déclaration dans l'immédiat.
A la Bourse de Londres, l'action SABMiller reculait de 0,72% à 36,42 livres à 14h39 GMT après être montée à 38 livres. Au même moment à Bruxelles, le titre AB InBev avançait de 0,28% à 98,57 euros.
Le conseil d'administration de SABMiller a rejeté mercredi dernier une offre d'AB InBev à 42,15 livres par action payables en numéraire, la jugeant nettement insuffisante.
La nouvelle proposition soumise lundi serait assortie d'une option de paiement partiel en titres, a précisé AB InBev, ajoutant que son offre serait conditionnée au choix du paiement en titres par les deux premiers actionnaires de SABMiller, Altria et BevCo.
En prenant en compte cette option, la nouvelle offre verrait AAB InBev débourser 67 milliards de livres (90,4 milliards d'euros) pour le propriétaire des marques Peroni, Grolsch et Pilsner Urquell, contre 65 milliards de livres (87,7 milliards d'euros) avec sa précédente proposition.
La réglementation britannique des OPA donne à AB InBev jusqu'à 16h00 GMT mercredi pour lancer une éventuelle nouvelle offre formelle.
AB InBev a déjà tenté trois offres informelles, toutes rejetées par les membres du conseil d'administration de sa cible à l'exception des trois administrateurs représentant Altria, premier actionnaire avec 27% du capital.
Trois des dix principaux actionnaires de SABMiller ont endossé le rejet de l'offre d'achat de 68,2 milliards de livres (92,3 milliards d'euros), mettant la pression sur AB InBev pour qu'il améliore sa proposition.
LE CONSEIL DE SABMILLER SOUTENU PAR DE GRANDS ACTIONNAIRES
La Public Investment Corporation (PIC) sud-africaine, le groupe polonais Kulczyk Holding et l'écossais Aberdeen Asset Investment, respectivement quatrième, cinquième et septième actionnaires de SABMiller, ont tous publiquement exprimé leur soutien à la direction. Ils représentent au total 8,2% du capital du brasseur.
"Nous avons confiance dans le conseil d'administration et nous nous reposons sur son jugement. Il a dit que le prix était trop bas et nous sommes d'accord avec lui", a déclaré à Reuters Dan Matjila, directeur général de PIC.
Vendredi, Aberdeen avait jugé l'offre "bienvenue" tout en estimant qu'"AB InBev devrait revoir ses chiffres".
On ignore pour l'instant la position de la famille colombienne Santo Domingo, qui possède 14% de SABMiller via BevCo après lui avoir vendu Grupo Bavaria en 2005.
Ses deux représentants au conseil d'administration, qui ont voté la semaine dernière contre l'offre d'AB InBev, sont Alejandro Santo Domingo et Carlos Alejandro Perez Davila, deux cousins qui gèrent par ailleurs la société new-yorkaise Quadrant Capital Advisors.
Selon plusieurs médias, Alejandro Santo Domingo entretient de bonnes relations avec plusieurs grands actionnaires d'AB InBev, parmi lesquels le milliardaire brésilien Jorge Paulo Lemann.
"Nous pensons que les Colombiens sont très proches de Lemann et que Lemann sait précisément quel prix veulent les Colombiens", a dit un actionnaire de SABMiller possédant moins de 1% du capital. "Mais je ne comprends pas leur tactique."
La semaine dernière, Carlos Brito, le directeur général d'AB InBev, avait déclaré que de grands actionnaires de son groupe avaient approché Altria et les Santo Domingo, et que ceux-ci étaient apparus "au moins réceptifs à une approche".
Reuters n'a pas pu joindre la famille Santo Domingo dans l'immédiat.
Selon l'actionnaire de SABMiller, qui n'était pas autorisé à s'exprimer auprès des journalistes, "le rapprochement des deux groupes est tout à fait logique, mais ils vont manifestement encore devoir discuter pour obtenir le meilleur prix. Et pour le moment, ils doivent convaincre les Colombiens."
(Avec Phil Blenkinsop à Bruxelles; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)