La Bourse de Paris a pris de l'assurance cette semaine, grâce à un relâchement des tensions en Europe, mais la situation risque de se corser de nouveau la semaine prochaine après l'abaissement de la note de la France et de certains pays européens par S&P, et le blocage des négociations sur la dette grecque.
D'un vendredi à l'autre, l'indice CAC 40 a gagné 1,88% pour terminer à 3.196,49 points.
Plusieurs facteurs positifs ont animé le marché actions cette semaine, en particulier une amélioration sur le front de la dette européenne après des adjudications espagnoles et italiennes qui se sont bien passées et se sont traduites par un repli des taux.
"On sent qu'il y a une dynamique auto-réalisatrice positive, avec des taux à long terme qui se replient en Espagne et en Italie, et moins de craintes sur les besoins en recapitalisation des banques", a indiqué Régis Bégué, directeur de la gestion chez Lazard Frères.
Même sentiment de la part de Renaud Murail, gestionnaire de portefeuille chez Barclays Bourse qui note que "le marché, sur la semaine écoulée, s'est montré moins anxieux que précédemment". "Par petites touches, l'iceberg est en train de se dégeler", a-t-il relevé.
Sur le plan politique et européen, le climat s'est également apaisé avec moins de déclarations à l'emporte-pièce de la part des Allemands. "On sent indiscutablement une volonté de calmer le jeu", a-t-il ajouté.
Le marché a pu ainsi faire preuve d'une belle résistance vendredi à l'annonce d'une révision imminente à la baisse des notes de la dette de la France et d'autres pays européens par l'agence de notation Standard & Poor's.
Le ministre des Finances François Baroin a annoncé vendredi soir que la France avait perdu son triple A et précisé que la note avait été abaissée d'un cran. "Ce n'est pas une bonne nouvelle" mais ce n'est "naturellement pas une catastrophe", a-t-il estimé sur la chaîne de télévision France 2. Il a exclu un troisième plan de rigueur suite à cette décision qu'il a interprétée comme une sanction de la "gouvernance" défaillante de la zone euro et non de la politique suivie par le gouvernement français.
La Bourse de Paris avait déjà anticipé cette décision de l'agence, dont on attendait toujours vendredi dans la soirée la confirmation par Standard & Poor's, et a appliqué le fameux adage boursier selon lequel +on vend sur la rumeur, on achète sur le fait+, ont souligné des opérateurs.
"Débarrassé de cette épée de Damoclès qui l'a menacé pendant plusieurs mois, le marché pourra même repartir sur des bases plus saines et plus solides", a fait remarquer Arnaud de Champvallier, directeur général de Turgot Asset Management.
Si dans l'ensemble les investisseurs estiment que l'abaissement de la note française sera bien absorbée, ils sont en revanche plus inquiets de la tournure des événements prise en Grèce.
Vendredi, les banques créancières ont annoncé qu'elles suspendaient leur participation aux négociations sur les modalités de la restructuration de la dette publique de la Grèce. Elles ont laissé entendre qu'elles pourraient revenir sur leur engagement à en effacer volontairement une grande partie.
La menace risque de mettre à mal le timide retour de confiance enregistré cette semaine dans le secteur bancaire et qui a permis d'entraîner dans son sillage l'ensemble des valeurs cycliques (dépendantes de la conjoncture).
Sur le plan macroéconomique la semaine prochaine, les investisseurs surveilleront les premières statistiques d'activité aux Etats-Unis pour le mois de janvier et les indicateurs dans le secteur immobilier. Les publications trimestrielles des entreprises vont se poursuivre aux Etats-Unis avec notamment les résultats annuels de plusieurs grandes banques.