A l'issue de leur première rencontre sur le pacte de responsabilité, le patronat et les syndicats sont convenus de se revoir mercredi pour finaliser une position commune, mais si les syndicats réformistes, CFDT en tête, y sont prêts, CGT et FO se sont montrés hostiles.
Le Medef proposera "en début de semaine un écrit que nous amenderons" et "nous aurons une ultime séance mercredi", a dit Véronique Descacq, la négociatrice de la CFDT, à l'issue de plus de trois heures de discussions.
Ce texte sera un "relevé de conclusions qui engagera ses signataires" et sera axé sur trois thèmes: "l'emploi, le dialogue social et les investissements", a précisé Jean-François Pilliard, représentant du Medef.
Selon lui, il s'agira "d'un point de départ" des concertations sur le pacte qui seront ensuite menées au niveau des branches professionnelles. "On verra la semaine prochaine qui est prêt oui ou non à s'engager", a-t-il lancé.
Après l'échec de l'inversion de la courbe du chômage fin 2013 et la déception de voir en janvier près de 9.000 nouveaux demandeurs d'emploi grossir les rangs des chômeurs, le gouvernement considère le pacte comme une "clé" pour relancer l'emploi, selon les termes du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Cette première rencontre au siège du Medef entre le patronat (Medef, CGPME, UPA) et cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) était axée sur les "contreparties" en matière d'emploi que pourraient concéder les entreprises en échange des 30 milliards d'euros de baisse de charges promis par le gouvernement.
Ce fut "zéro contrepartie, zéro contrainte pour le Medef", a déploré Stéphane Lardy (FO), "les masques sont tombés", "c'est un marché de dupes". FO, qui a laissé entendre qu'il ne signerait pas, participera toutefois à la prochaine réunion.
"Notre réserve entière sur le pacte de responsabilité est confirmée aujourd'hui", a affirmé également Marie-Laurence Bertrand (CGT).
La CGT sort "très circonspecte" de cette rencontre, avec "une appréciation très négative", "aucun élément chiffré n'a été mis la table", a-t-elle déploré. La centrale déterminera mardi sa position.
Dès avant la rencontre, la CGT avait durci le ton, son numéro un Thierry Lepaon accusant le président François Hollande d'avoir passé un "deal" avec le patron du Medef.
- Deux blocs: les 'pro' et les sceptiques -
De ce premier tour de table se sont dégagés "deux blocs : celui des pro-actifs" pour lesquels "dans cette situation catastrophique on doit utiliser le pacte pour avancer" et les autres qui "disent +de toute façon, on n'avancera jamais ensemble+", a résumé Joseph Thouvenel (CFTC).
Pour la représentante de la CFDT, "la priorité est l'emploi dans toutes ses composantes": le "niveau de l'emploi", "l'embauche des jeunes" et "la qualité des emplois".
"Aujourd'hui, on n'a pas parlé de chiffrage parce qu'au niveau national ca ne veut rien dire", a-t-elle expliqué en réclamant "des engagements chiffrés dans les branches".
Mme Descacq a aussi évoqué la possibilité d'"interrompre" les aides aux entreprises "si les engagements ne sont pas tenus".
Une telle réversibilité n'a pas emballé le négociateur du Medef qui, toutefois, n'est pas opposé au principe d'une évaluation au travers d'"indicateurs" élaborés conjointement avec les syndicats pour assurer le suivi du pacte.
M. Pilliard a pour la énième fois refusé de prendre des engagements chiffrés d'embauches, mais a promis que les branches s'engageraient sur "des objectifs et des moyens".
Le Medef a par ailleurs annoncé l'ouverture prochaine d'une "concertation" avec les syndicats sur le financement de la protection sociale. Cette discussion "ne sera pas limitée à la seule question du coût du travail" et du devenir du Crédit d'impôt (CICE), elle engagera "un débat plus large", a-t-il dit.
La conséquence des allègements de cotisations familiales que le gouvernement doit annoncer fin mars préoccupe les syndicats.
"On nous dit: on va financer la politique familiale en faisant des économies" mais "30 milliards, ça ne se trouve pas comme cela", s'est interrogé M. Thouvenel (CFTC) pour lequel "il manquait" vendredi à la réunion "l'interlocuteur gouvernemental qui nous a lancés dans le pacte".