La future loi "Macron" pour la croissance est pour l'heure le principal étendard réformateur du gouvernement pour 2015. Mais face à des contestations à gauche, l'exécutif et le PS s'emploient aussi à arrondir les angles sur un texte qui n'est après tout "pas la loi du siècle", dixit François Hollande.
Lors de sa longue interview matinale sur France Inter lundi, le président s'est fait longuement l'avocat du texte "pour la croissance et l'activité", qui arrivera à l'Assemblée nationale le 26 janvier. Une loi déjà largement saluée lors des voeux présidentiels du 31 décembre. Et Manuel Valls, lors du petit-déjeuner de reprise du gouvernement lundi, a lui aussi "insisté sur la mobilisation autour de la loi Macron", selon son entourage.
Mais sur France Inter, François Hollande, a aussi lâché -maladresse ou minimisation délibérée ?- que "ce n'était pas la loi du siècle".
"Tout ce que je dis, vous le voyez, ce n'est pas la loi du siècle, la loi Macron. Ce n'est pas la loi du siècle, on ne fait pas une loi qui d'un seul coup va changer la réalité", a-t-il fait valoir, en soulignant qu'il "y aura d'autres textes" et qu'"on ne va pas s'arrêter là".
"C'est une loi pour le siècle prochain, c'est une loi qui va donner plus de coup de jeune, de renouvellement, de facilité", a plaidé le président.
Signe que la déclaration présidentielle ne relevait pas de la sortie de piste, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a lui aussi souligné, peu après sur iTÉLÉ, que si cette loi avait bien "une certaine importance, elle ne structur(ait) pas le siècle à venir".
Minimiser pour calmer le jeu? Après Martine Aubry en décembre, c'est l'ex-ministre Cécile Duflot qui a sonné la charge dimanche contre le texte porté par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. La responsable EELV dénonce notamment "un grand bond en arrière" écologique avec la libéralisation du transport par autocar et une révision par ordonnances du Code de l'environnement.
- Pas de 49.3 prévu -
Le mois dernier, lors de la présentation du texte, l'exécutif s'était déjà agacé que des polémiques soient lancées sur des mesures qui ne figuraient pas dans la loi, comme la réforme des pharmacies.
"Cette loi, on en a beaucoup parlé avec parfois ou des attentes exagérées ou des fantasmes non avérés", a ainsi noté François Hollande lundi, avant d'en défendre les principales mesures (travail du dimanche, professions réglementées du droit, prud'hommes...)
L'importance prise dans le débat politique et médiatique par des opposants à une extension de l'ouverture des commerces le dimanche avait aussi énervé Manuel Valls. "Cinq ou 12 dimanches, si c’est ça qui fonde un débat de civilisation...", avait-il pesté lors de la conférence de presse de présentation du texte, qu'il présidait avec pas moins d'une dizaine de ministres.
"Ce n'est pas la politique d'un ministre, c'est la politique d'un gouvernement. C'est un texte voulu par le président et le Premier ministre", a aussi défendu Manuel Valls.
La loi Macron est aussi cruciale pour montrer que l'élan réformateur se poursuit, alors que le budget 2015 de la France reste dans le collimateur de Bruxelles.
L'ampleur de la contestation à l'Assemblée reste incertaine, mais François Hollande a écarté l'idée d'un recours au 49-3, se disant "confiant" pour que le texte obtienne une majorité. Et ouvert à des "améliorations" voire d'éventuelles "corrections".
Quant à M. Cambadélis, il "tend la main" aux écologistes après la charge de Mme Duflot. "Parce que la loi n'a pas été adoptée, parce qu'on est dans la discussion parlementaire (...), parce qu'on peut toujours améliorer tel ou tel aspect de cette loi".
A droite, certains s'en sont pris "au manque d'ambition" que traduirait la déclaration du président.
"La loi Macron n’est donc pas +la loi du siècle+. Merci pour le scoop, mais c’est bien là le problème !", a ironisé le député UDI François Sauvadet (Côte d'Or).
Outre la loi Macron, le Parlement doit aussi examiner cette année parmi les principaux textes la loi de santé de Marisol Touraine et la loi Notre sur les compétences des collectivités territoriales.