Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a estimé jeudi que les règles du pacte de stabilité européen ne devaient pas être "remises en cause" malgré les dépenses supplémentaires annoncées par la France après les attentats.
"La France et l'Europe dans son ensemble font face à une situation terrible, et la Commission le comprend parfaitement", a déclaré lors d'une conférence de presse M. Moscovici.
Mais les règles du pacte de stabilité "ne doivent pas être remises en cause, car elles sont ce qui doit permettre à nos Etats de retrouver des finances plus saines", a-t-il ajouté, dénonçant des "exagérations".
François Hollande a annoncé lundi une série de nouvelles dépenses sécuritaires après les attentats de Paris, en assumant un "surcoût" pour le budget de l'Etat. "Le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité" budgétaire, a-t-il estimé.
La Commission européenne, par la voix de Pierre Moscovici, s'était montrée compréhensive mardi, disant avoir "une approche intelligente et humaine de cette situation".
"Pour moi, le pacte de sécurité et le pacte de stabilité ne sont pas antagoniques, et je pense que c'est tout à fait ce qu'a voulu dire le président de la République", a toutefois précisé jeudi le commissaire européen.
"Il y a eu là-dessus beaucoup d'exagérations et de spéculations", a ajouté M. Moscovici, pour qui "le pacte a été conçu pour faire en sorte que les Etats membres se construisent une marge de manoeuvre budgétaire suffisante au fil du temps".
Le pacte de stabilité prévoit que les membres de la zone euro maintiennent un déficit public inférieur à l'équivalent de 3% de leur PIB, un objectif que la France n'a toujours pas réussi à atteindre sept ans après la crise financière de 2008.
Le gouvernement prévoit de ramener le déficit public de 3,8% en 2015 à 3,3% du PIB en 2016, puis sous la barre des 3% en 2017. Mais le Premier ministre Manuel Valls a estimé mardi que ces engagement seraient "forcément dépassés".
"Il est trop tôt pour spéculer sur la façon dont ces dépenses (...) se repercuteront sur le budget du pays. Mais d'après ce que je connais, nous n'avons pas de raison de penser que la trajectoire budgétaire française en soit spectaculairement modifiée", a pour sa part souligné M. Moscovici, pour qui les annonces du gouvernement ne représentent pas "un tournant de politique économique."