PEKIN (Reuters) - La croissance de l'activité du secteur manufacturier chinois est revenue en octobre à son plus bas niveau en cinq mois, un ralentissement inattendu lié à la faiblesse des commandes et à la hausse des coûts, montre une enquête publiée samedi.
L'indice PMI officiel des directeurs d'achat du secteur manufacturier s'est inscrit à 50,8 en octobre, après 51,1 en septembre mais reste au-dessus du seuil de 50 séparant contraction et expansion.
Les analystes interrogés par Reuters attendaient en moyenne un chiffre en hausse à 51,2.
Cette enquête montre que la demande étrangère est tombée à son plus bas niveau depuis cinq mois et la demande intérieure à un plus bas de six mois. Les commandes étrangères ont légèrement reculé par rapport à septembre.
"L'économie reste soumise à des pressions baissières et la politique monétaire va rester accommodante", estiment les économistes de China International Capital dans une note à leurs clients après la publication de cet indicateur.
La banque d'investissement souligne que les stocks d'invendus ont augmenté le mois dernier malgré une baisse de la production.
La croissance de l'économie chinoise est revenue à 7,3% en rythme annuel au troisième trimestre, son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008-2009, en raison notamment de la baisse du marché immobilier, qui alimente la faiblesse de la demande intérieure et de l'investissement. Et l'enquête PMI publiée samedi suggère qu'aucun rebond n'est à attendre dans l'immédiat.
Le sous-indice des nouvelles commandes, qui regroupe demande intérieure et demande étrangère, a reculé à 51,6 en octobre après 52,2 en septembre. Celui des nouvelles commandes à l'export est revenu de 50,2 à 49,9, suggérant une contraction.
FOSSÉ ENTRE PME ET GRANDES ENTREPRISES
Le ministère chinois de l'Industrie a averti vendredi que les entreprises du secteur subissaient la pression de coûts d'emprunts élevés, qui pèse sur une croissance déjà ralentie.
L'enquête PMI montre aussi un fossé croissant entre PME et grandes entreprises : pour ces dernières, l'indice des directeurs d'achats a peu changé en octobre à 51,9 alors que celui des entreprises moyennes revenait à 49,1 et que celui des petites entreprises ressortait à 48,5.
Comme dans de nombreux autres pays, les PME chinoises voient souvent leurs demandes de financements ignorées par les banques, ce qui les oblige à se tourner vers d'autres sources de capitaux, généralement plus onéreuses.
Pour soutenir la croissance, Pékin a réduit la fiscalité, accéléré certains projets d'investissement, fourni des liquidités à court terme aux banques, ordonné aux collectivités locales de dépenser leur budget et réduit les réserves obligatoires imposées à certaines banques pour favoriser le crédit.
Vendredi, les autorités ont annoncé un plan d'investissement d'au moins 200 milliards de yuans (26 milliards d'euros) dans trois nouvelles lignes ferroviaires.
Toutes ces mesures n'ont pas eu d'impact notable sur la croissance et même la baisse des taux des prêts immobiliers décidée en septembre ne semble pour l'instant pas avoir eu d'impact notable.
Les prix des logements ont baissé en octobre pour le sixième mois d'affilée, selon les résultats d'une enquête privée publiés vendredi, alors que la croissance de l'économie chinoise découle pour environ 15% de celle du secteur immobilier.
(Koh Gui Qing; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Marc Angrand)