L'euro est passé sous la barre de 1,24 dollar vendredi dans le sillage de déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi signalant de possibles mesures supplémentaires de soutien à l'économie, à la peine, de la zone euro.
Vers 22H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro valait 1,2390 dollar, contre 1,2540 dollar jeudi à la même heure.
L'euro reculait face à la monnaie nippone, à 145,88 yens contre 148,25 yens la veille. La monnaie unique européenne était montée jeudi à 149,14 yens, son niveau le plus élevé depuis le 1er octobre 2008.
Le dollar reculait également face à la devise japonaise, à 117,75 yens contre 118,22 yens la veille. Le billet vert avait atteint jeudi 118,98 yens, son niveau le plus fort depuis début août 2007.
Vendredi, l'euro "a flirté avec son niveau le plus bas en deux ans atteint récemment (1,2358 dollar le 7 novembre) après une nouvelle salve de rhétorique très accommodante de la part du patron de la BCE laissant anticiper des mesures d'assouplissement monétaire encore plus fortes", a souligné Joe Manimbo de Western Union Business Solutions.
"Nous sommes prêt à recalibrer l'ampleur, le rythme et la composition de nos achats [d'actifs] si nécessaire pour remplir notre mandat" et ce "sans délai indu", a ainsi déclaré M. Draghi lors d'un congrès bancaire à Francfort, ajoutant qu'il était "essentiel de rapprocher l'inflation [en zone euro] de son objectif et ce sans délai".
La perspective de voir la BCE procéder à des rachats d'actifs comme des obligations d’État de pays de la zone euro en difficulté pèse sur l'euro, car ces actifs sont considérés comme risqués et parce que ces rachats seraient équivalents à des injections de liquidités dans le système financier, ce qui aurait pour effet de diluer la valeur de la devise.
Le dollar restait de son côté soutenu par la publication jeudi de données économiques encourageantes aux États-Unis, que certains cambistes estimaient de bon augure pour la reprise de la première économie mondiale qui avait marqué le pas ces derniers mois.
Ces indicateurs "laissent penser que la Réserve fédérale va bien relever ses taux d'intérêt l'an prochain, un resserrement de politique monétaire qui contraste nettement avec le reste du monde, la majorité des banques centrales étant contraintes de conserver une approche très accommodante", a souligné Joe Manimbo.
Le yen se reprenait vendredi grâce notamment à des commentaires du ministre japonais des Finances, Taro Aso, faisant part de son inquiétude après la forte chute de la devise nippone au cours des dernières séances.
De fortes fluctuations des taux de change "ne sont pas souhaitables", a-t-il estimé, soulignant qu'elles pouvaient avoir des impacts négatifs sur l'économie.
La chambre basse du Parlement a été dissoute vendredi sur décision du chef du gouvernement dont la politique économique est remise en cause par la forte contraction de la troisième économie mondiale.
Les cambistes digéraient par ailleurs l'annonce vendredi par la Banque populaire de Chine (PBOC) de l'abaissement de ses taux d'intérêt, une mesure inédite depuis 2012 et de nature à alimenter les inquiétudes des investisseurs sur la vigueur de la croissance de l'économie chinoise, deuxième économie mondiale.
Les craintes de ralentissement de la croissance chinoise, moteur de la reprise chinoise, tendent à pousser les cambistes à privilégier les actifs jugés les plus sûrs, comme le dollar ou le yen.