La croissance dans les pays émergents devrait s'intensifier cette année, notamment sous l'impulsion de la Chine, mais restera sous la menace de la "volatilité" des flux de capitaux, indique la Banque mondiale mardi.
"L'intensification de la croissance dans les pays en développement est soutenue par une accélération dans les pays à haut revenu et par la poursuite d'une forte croissance en Chine", écrit l'institution dans ses perspectives économiques mondiales.
Selon ses nouvelles projections, la produit intérieur brut (PIB) des pays en développement devrait atteindre 5,3% cette année, contre 4,8% en 2013, et se maintenir au niveau élevé de 7,7% pour la Chine.
Ces niveaux sont inférieurs à ceux observés avant la crise financière de 2007-2008, relève la Banque mondiale qui salue toutefois ce ralentissement et la fin des taux de croissance "intenables".
L'institution met toutefois en garde contre la persistance de "vents contraires" qui s'étaient déjà manifestés au printemps 2013 sur fond de craintes d'un resserrement de la politique monétaire américaine.
Plusieurs pays émergents (Brésil, Turquie...) avaient alors été déstabilisés par un reflux de capitaux insufflé par des investisseurs impatients de rapatrier leurs fonds aux Etats-Unis, en quête de rendements plus élevés.
"Les perspectives de croissance restent sous la menace de vents contraires provenant d'une hausse des taux d'intérêts et d'une potentielle volatilité des flux de capitaux maintenant que la Fed (banque centrale américaine) a commencé à réduire son soutien monétaire massif", indique la Banque mondiale.
Depuis que la Réserve fédérale a décidé mi-décembre de réduire ses injections de liquidités, le désengagement monétaire s'est jusque-là déroulé "sans heurts", relève le rapport.
Mais une remontée "trop rapide" des taux d'intérêts dans les pays riches pourrait mettre un coup d'arrêt brutal aux flux de capitaux qui irriguent les pays émergents et leur permettent de financer leur croissance.
Selon la Banque mondiale, les flux pourraient ainsi se réduire de "plus de 50%" sur plusieurs mois.
Un tel scénario affecterait notamment les pays dont l'expansion économique a été financée par une explosion du crédit, indique l'institution.
La Banque appelle dès lors les dirigeants politiques à préparer dès maintenant leurs réponses face à de nouvelles turbulences financières, notamment en "allégeant" les réglementations limitant les flux de capitaux ou en mettant en place des incitations pour attirer des investissements directs étrangers.
"Les indicateurs économiques mondiaux montrent des signes d'amélioration mais il ne faut pas être grand clerc pour voir que des dangers se cachent en profondeur", a commenté l'économiste en chef de la Banque mondiale, Kaushik Basu, cité dans un communiqué.
Jeudi, le Fonds monétaire international avait lui aussi estimé que des "risques de volatilité" subsistaient dans les marchés émergents.