BRUXELLES (Reuters) - L'inflation dans la zone euro s'est très légèrement accélérée en octobre à 0,4% en rythme annuel après 0,3% en septembre, montre la première estimation publiée vendredi, apportant un peu d'espoir de voir la région échapper à la déflation que redoutent les autorités monétaires.
Le chiffre annoncé par Eurostat correspond au consensus Reuters. Jeudi, l'inflation en Allemagne, la première économie d'Europe, a été estimée à 0,7% sur un an, son plus bas niveau depuis mai.
L'euro s'est apprécié contre le dollar et la livre sterling après la publication de ce chiffre mais a rapidement cédé ses gains pour repasser sous le seuil de 1,26 dollar.
"Il y avait des spéculations, avant la publication, sur une stabilisation de l'inflation, principalement en raison des chiffres de l'inflation en Allemagne d'hier", a dit Nick Kounis, responsable de la recherche macroéconomique d'ABN Amro.
En octobre, les prix des services ont augmenté de 1,2% tandis que ceux des produits alimentaires transformés, des boissons et du tabac progressaient de 0,5%, a précisé Eurostat.
Les prix des produits alimentaires de base ont en revanche reculé de 0,1% sur un an et ceux de l'énergie de 1,8%. Ces deux chiffres marquent toutefois une atténuation de la baisse par rapport à septembre, puisque leur recul se situait alors à 0,9% et 2,3% respectivement.
"ZONE DE DANGER"
La Banque centrale européenne (BCE), qui s'est fixé pour objectif une inflation inférieure à mais proche de 2%, considère que la hausse des prix est en "zone de danger" lorsqu'elle évolue en dessous de 1%.
Elle multiplie donc depuis plusieurs mois les mesures d'assouplissement de sa politique monétaire après avoir ramené ses taux d'intérêt à leur plus bas niveau historique.
"Nous pensons que l'inflation devrait rester à de très bas niveaux dans les mois à venir. Il se pourrait qu'au cours des six prochains mois elle soit d'un demi-point (de pourcentage) voire en dessous. Même si elle pourrait remonter ultérieurement en 2015, il est probable qu'elle restera très, très en dessous de l'objectif de stabilité des prix de la BCE", a prévenu Nick Kounis.
La BCE, qui a commencé la semaine dernière à acheter des obligations sécurisées ("covered bonds") pour stimuler le crédit et l'activité, doit entamer en novembre des achats de titres adossés à des actifs (ABS), dans le même but.
Des sources ont déclaré à Reuters la semaine dernière que la banque centrale envisageait des achats de dettes d'entreprises et qu'une décision sur le sujet pourrait être prise en décembre.
Des indicateurs récents plus encourageants, comme ceux du climat des affaires et du sentiment économique dans la zone euro publiés jeudi, pourraient toutefois inciter les responsables de la politique monétaire à s'en tenir jusqu'à la fin de l'année à l'arsenal déjà mobilisé.
Eurostat a par ailleurs fait état d'une stabilité du taux de chômage au sein de la zone euro en septembre, à 11,5%.
(Robert-Jan Bartunek, Marc Angrand et Marc Joanny pour le service français)