Arrivé à mi-mandat, François Hollande n'est pas parvenu à relancer l'activité et à réduire le déficit public au niveau des engagements européens de la France, un double objectif inspiré par un excès d'optimisme sur la reprise en Europe.
Sur fond de croissance morose, il a accédé en mai 2012 à l'Elysée avec une marge de manoeuvre des plus étroites pour concilier ses promesses de nouvelles dépenses et ses engagements à assainir les finances de la France.
Le FMI prévoyait alors une progression de 1% du produit intérieur brut (PIB) de la France en 2013. Plus optimiste encore, M. Hollande voyait 1,7% avant une accélération à au moins 2% par an à partir de 2014. Il s'engageait à ramener le déficit public à 3% du PIB fin 2013 et à l'équilibre en 2017.
Finalement, la croissance a été de 0,3% en 2013 et le gouvernement prévoit un maigre 0,4% cette année, tandis qu'il vient de repousser à 2017 le fameux objectif de 3%, prévu par les règles européennes, déjà reporté auparavant à 2015. Et le FMI ne prévoit plus qu'une croissance de 0,8% dans la zone euro cette année.
Dans son fameux discours du Bourget, en janvier 2012, le candidat Hollande avait dénoncé d'une part "le monde de la finance", son "véritable adversaire" et estimé d'autre part que la France devait "retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe" qui ne devait "pas imposer une austérité sans fin".
- "Péché originel" -
Pour Charles Wyplosz, professeur à l'Institut des hautes études internationales et du développement, à Genève, le candidat Hollande n'a "pas donné l'impression qu'il se rendait compte qu'il allait falloir faire des choses très difficiles". "C'est le péché originel de la présidence de Hollande, qui n'a pas été élu pour ce qu'il devait faire", estime-t-il.
Un regret de non-dits tout récemment exprimé par son ex-premier Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui se rappelle que le président avait "à l'époque évoqué qu'il ne fallait pas décourager le pays, peut-être espérant le retour de la croissance plus tôt que prévu".
"N'ayant pas eu le soutien de (la chancelière allemande) Angela Merkel, M. Hollande aurait dû aller au conflit avec elle et dire dès le départ qu'il n'avait pas été élu pour faire de l'austérité", lance M. Wyplosz, pour qui "c'est à la deuxième économie européenne de refuser les diktats de la première. Je ne comprends pas cette terreur devant Bruxelles".
Pour Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques, d'obédience keynésienne et critique des politiques d'austérité concomitantes en Europe, l'idée dominante partagée par le Fonds monétaire international, l'OCDE, la Commission européenne, et nombre d'experts était en 2012 "que l'austérité n'avait que très peu d'incidence sur la croissance économique". "Avec cette hypothèse, la croissance allait revenir assez vite à 2%, les déficits allaient se réduire, le chômage allait baisser", dit-il.
- "Aider l'industrie" -
François Hollande a fait un premier pas vers une politique de l'offre, destinée à stimuler l'économie par le biais des entreprises, avec la création en novembre 2012 du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE).
Il a par la suite assumé clairement une ligne "social-libérale", disant notamment le 16 mai 2013: "Nous avons besoin d'entreprises fortes", "c'est un nouvel état d'esprit, l'esprit d'entreprise que je veux promouvoir". A suivi le pacte de responsabilité annoncé fin 2013, qui doit ajouter aux 20 milliards attendus à terme du CICE, 10 milliards de réductions de cotisations sociales et 10 milliards d'allègements d'impôts pour les entreprises, soit un total de 40 milliards.
"Entre 2011 et 2013, la hausse des prélèvements obligatoires a été de 70 milliards dont 30 payés par les entreprises qui n'auront les 40 milliards qu'en 2017, tandis qu'un certain nombre meurent entre-temps", dit Christian Saint-Etienne, économiste au Conservatoire des arts et métiers, proche des centristes.
"Ce qui va nous sortir des difficultés, c'est la capacité à exporter à nouveau massivement" et pour cela "c'est l'industrie qu'il faut aider", estime-t-il.