par Jean-François Rosnoblet et Matthias Galante
PARIS-MARSEILLE-NICE (Reuters) - L'UEFA a annoncé dimanche l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre la Fédération russe de football pour les incidents survenus la veille au soir au stade Vélodrome de Marseille après le match Angleterre-Russie pour l'Euro 2016.
Les violents affrontements qui ont précédé la rencontre sur le Vieux-Port ont fait 35 blessés dont quatre graves, a annoncé dimanche la préfecture des Bouches-du-Rhône. Trois policiers ont été légèrement blessés.
Le Britannique d'une cinquantaine d'années, en état d'urgence absolue après un arrêt cardiaque consécutif à des coups, a vu son état se stabiliser samedi soir, selon Laurent Nunez, préfet de police des Bouches-du-Rhône.
L'instance européenne de football, qui gère la compétition mais n'a pas autorité sur les incidents en marge des rencontres, du ressort des autorités françaises, reproche aux supporters russes d'avoir attaqué des supporters anglais dans les tribunes à l'issue du match contre l'Angleterre (1-1), d'avoir entonné des chants racistes et d'avoir lancé des fumigènes.
Des sanctions pourraient être décidées dans les prochains jours.
Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fustigé samedi soir dans un communiqué "le comportement irresponsable et délibéré de pseudo-supporters dont la seule motivation est de troubler l'ordre public".
Dix personnes de plusieurs nationalités, dont une majorité de Britanniques, ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche pour les violences du Vieux-Port, a-t-on indiqué de source policière. Elles devraient être présentées à la justice en comparution immédiate lundi.
Des heurts ont également éclaté samedi soir à Nice, où une bagarre entre un groupe de locaux et des supporters nord-irlandais et polonais a fait neuf blessés à la veille de Pologne-Irlande du Nord, selon la préfecture des Alpes-Maritimes. Trois personnes ont été interpellées.
MESURES COMPLÉMENTAIRES
Des voix commencent à s'interroger, parmi les responsables politiques notamment, sur l'efficacité du dispositif de sécurité prévu pour l'ensemble de la compétition, qui s'achève le 10 juillet.
En amont de l'Euro, et en prévision de violences en marge des matches, le ministère français de l'Intérieur avait prononcé 3.000 interdictions d'entrées sur le territoire. Le gouvernement britannique a de son côté retenu les passeports de 3.000 "hooligans" pendant la durée de la compétition.
A Marseille, ce sont quelque 600 supporters russes et anglais "très déterminés" qui se sont affrontés dans l'après-midi sur le Vieux-Port, selon le préfet de police.
"Ce sont des images qui font froid dans le dos. Ça n'a rien à voir avec le football. Ce ne sont pas des supporters. Ils se servent du football pour des actes de barbarie, de violence. C'est dramatique", a réagi le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, sur TF1 (PA:TFFP).
Samia Ghali, maire socialiste des 15e et 16e arrondissements de Marseille, ainsi que le député (Les Républicains) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti plaident pour l'interdiction de la vente d'alcool les jours de matches et dans les "fan zones".
"Un dispositif d'ensemble est prévu pour faire en sorte qu'il n'y ait pas d'incidents. Il va y avoir des mesures complémentaires qui vont être prises à la suite de ce qui s'est passé à Marseille", a déclaré dimanche sur iTELE le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
"S'il y a un échec, c'est celui du football. (...) Le foot est encore malade d'une partie de ses supporters", a-t-il ajouté sur BFM TV.
Le deuxième match de l'équipe de France, contre l'Albanie, se déroulera mercredi soir à Marseille. La Russie joue mercredi à Lille contre la Slovaquie, et l'Angleterre jeudi prochain à Lens contre le Pays-de-Galles.
"On va tirer les enseignements de ce qui s'est passé, mais je ne veux pas qu'on puisse dire que le dispositif n'était pas adapté", a dit à des journalistes Laurent Nunez.
Quelque 1.200 policiers et gendarmes sont déployés à Marseille.
Des "spotters" étrangers, spécialistes du hooliganisme chargés de repérer d'éventuels fauteurs de troubles, assistent les policiers français avant chaque rencontre "à risque".
"Ceux qui se sont livrés à ces violences ne sont pas des individus qui sont connus des services de renseignement et de police", a précisé dimanche Pierre-Henry Brandet.
(Avec Patrick Vignal, édité par Sophie Louet)