Relance de la croissance, lutte contre le chômage, plan d'investissements, mais aussi maintien du sérieux budgétaire: la nouvelle Commission européenne va entrer d'emblée dans le vif du sujet, avec un agenda économique très chargé.
L'équipe présidée par Jean-Claude Juncker prend ses fonctions officiellement samedi. Elle commencera véritablement ses travaux lundi. Les dossiers ne manquent pas, de la crise en Ukraine aux négociations commerciales avec les Etats-Unis. Mais la priorité des priorités affichée par M. Juncker est bien la relance de la croissance et l'emploi.
"Les prochains mois vont être extrêmement lourds, avec les prévisions de la Commission, les avis sur les différents budgets courant novembre et la préparation du plan d'investissements", souligne Pierre Moscovici, qui hérite du portefeuille des Affaires économiques.
Dès mardi, il devra présenter les nouvelles prévisions économiques de la Commission, et prendre acte de la faiblesse de l'économie en zone euro. L'exercice aura une nouvelle fois valeur de grand oral, après une audition au Parlement européen où il avait été malmené, certains doutant de la capacité de l'ancien ministre français des Finances à juger avec neutralité l'état de son pays.
Le terrain a été largement déminé par son prédécesseur, le Finlandais Jyrki Katainen. Il a décidé cette semaine de ne rejeter aucun projet de budget au sein de la zone euro. La France et l'Italie ont ainsi échappé à un scénario particulièrement humiliant, même si le dossier n'est pas refermé.
La Commission n'a pas exclu de demander des "mesures supplémentaires" de réduction des déficits à certains pays, menaçant même d'imposer des amendes en cas de non-respect des règles, une épée de Damoclès pour la France qui ne devrait pas ramener son déficit public sous la barre des 3% avant 2017, avec encore deux ans de retard.
L'examen approfondi des budgets devrait intervenir mi-novembre, avant une réunion de la zone euro spécialement consacrée à ce dossier avant la fin du mois.
- Une promesse et beaucoup d'interrogations -
Le plus gros dossier de la Commission Juncker est sans conteste le plan d'investissements massif de 300 milliards d'euros destiné à relancer l'emploi et l'économie en panne de tout un continent. "Il y a urgence", a rappelé devant le Parlement Jean-Claude Juncker, le nouveau président de l'exécutif européen, qui s'est engagé à le présenter d'ici Noël.
L'idée est d'aller vite et de faire mieux que le "pacte de croissance" de 120 milliards d'euros lancé en 2012, et qui a vite montré ses limites. Pour accélérer le rythme, Paris et Berlin planchent sur des propositions communes que les deux capitales veulent présenter début décembre.
Mais les contours du plan restent extrêmement flous: l'origine des fonds et la répartition de l'effort entre public et privé n'est pas réglée, et Berlin se refuse à signer des chèques pour stimuler l'activité. "On nous a confirmé qu'il y aurait un plan avec de nouvelles ressources publiques, accompagnées d'investissements privés", assuraient début octobre les socialistes du Parlement européen.
La semaine dernière, M. Juncker insistait sur le fait qu'on ne pouvait "financer ce paquet par des déficits élargis", appelant le secteur privé à participer à l'effort aux côtés des fonds publics.
Pour l'heure une seule certitude: la Banque européenne d'investissement (BEI) devrait être mise à contribution. "Le pivot doit être la BEI, mais il faudrait qu'elle prenne de vrais risques avec de vrais leviers. Une augmentation de capital pourrait servir à maximiser l'effet de levier", estime un diplomate européen, qui entend réveiller l'institution, souvent vue comme "une belle endormie".
Une autre idée a déjà été écartée en raison du refus catégorique de l'Allemagne: le recours au Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours de la zone euro, qui a une capacité de prêts de 500 milliards d'euros, dont 450 sont actuellement disponibles.
Le plan d'investissements devrait constituer le point d'orgue du sommet européen de fin d'année, prévu les 18 et 19 décembre prochains.