Pierre Moscovici sera mardi le premier membre de l'équipe Juncker à passer sur le gril, en présentant les nouvelles prévisions économiques de la Commission européenne, un exercice très attendu pour l'ancien ministre des Finances alors que les comptes de la France sont dans le rouge.
La nouvelle Commission a débuté son mandat samedi. Mais c'est ce mardi à 11h00 (10h00 GMT) que deux de ses membres entrent en scène: M. Moscovici et son prédécesseur, le Finlandais Jyrki Katainen, présentent ensemble les prévisions d'automne de la Commission.
Ce rapport, publié trois fois par an, prend le pouls de l'économie dans la zone euro et en Europe, via une batterie d'indicateurs: croissance, déficit, dette publique, chômage, inflation.
Il devrait prendre note du ralentissement de l'activité en zone euro, de la baisse inquiétante de l'inflation et du maintien du chômage à un niveau élevé, dans le sillage des prévisions peu réjouissantes du Fonds monétaire international début octobre.
Au printemps, la Commission tablait sur une croissance de 1,2% cette année pour la zone euro, suivi d'une accélération à 1,7% en 2015. Des chiffres qui semblent désormais hors de portée compte tenu des signes d’essoufflement observés en Allemagne, la première économie de la région, et des difficultés de la France, confrontée à une économie en panne.
Concernant l'inflation, l'exécutif européen s'attendait en mai à 0,8% en 2014, puis 1,2% l'année prochaine. Ces prévisions apparaissent trop optimistes au vu du dernier chiffre, de 0,4% en octobre. Le FMI table sur une inflation à seulement 0,5% cette année.
- Faire respecter les règles -
Une nouvelle fois, tous les yeux risquent de se tourner vers la France qui prévoit un déficit à 4,3% du PIB l'an prochain, loin des 3% auxquels elle s'était engagée. En mai, la Commission voyait la France rater l'objectif de 3% en 2015, mais elle s'attendait à un déficit limité à 3,4%.
La Commission devra dire si elle juge les nouveaux objectifs de la France plausibles, et donner un premier avis sur les efforts que Paris doit fournir pour ramener le déficit dans les clous européens, soit sous la barre des 3%.
L'exercice aura valeur de nouveau grand oral pour M. Moscovici, après une audition au Parlement européen où l'ancien ministre socialiste avait été malmené. Malgré ses assurances répétées, la droite n'avait pas cru à sa capacité de faire respecter les "règles".
Le terrain a été largement déminé par son prédécesseur, le conservateur Jyrki Katainen, qui est depuis samedi vice-président en charge de l'Emploi et de la croissance.
La Commission a décidé la semaine dernière de ne rejeter aucun projet de budget au sein de la zone euro, comme elle est en droit de le faire. Elle a ainsi évité un scénario humiliant à la France et à l'Italie qui étaient tout particulièrement sur la sellette.
Mais Bruxelles n'a pas exclu de demander des "mesures supplémentaires" de réduction des déficits à certains pays, menaçant même d'imposer des amendes en cas de non-respect des règles. La Commission rendra un avis détaillé sur les budgets le 12 novembre, mais pourrait dès mardi adopter un ton plus ferme à l'encontre de ceux qui s'écartent des règles.