La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a opté mercredi pour le statu quo monétaire en maintenant ses taux directeurs proches de zéro et en entretenant le plus grand suspense sur ses intentions futures.
A l'issue d'une réunion à Washington, son Comité de politique monétaire (FOMC) a sans surprise reconduit sa politique de l'argent pas cher, adoptée depuis fin 2008 pour soutenir la reprise, tout en pointant des progrès sur le marché du travail.
"Le marché de l'emploi a continué de s'améliorer avec des gains d'emplois solides et un déclin du chômage", s'est félicité le FOMC dans un communiqué qui, pour le reste, ne diffère guère de celui publié mi-juin.
La Fed prend ainsi acte de la décrue du chômage, tombé en juin à son plus bas niveau depuis avril 2008 (5,3%), mais donne très peu d'indices sur le calendrier de la future hausse des taux directeurs, guettée avec anxiété par les marchés.
"Les changements dans le communiqué du FOMC ont été plutôt minimes, n'envoyant aucun signal clair sur le moment précis où le processus de normalisation commencera", résume Jim O'Sullivan, de High Frequency Economist.
Les exégètes de la Fed voient toutefois dans de petits détails --l'ajout de l'article "quelques" ici, la référence à un "déclin" du chômage là-- le signe que la Fed relèvera ses taux lors de sa prochaine réunion à la mi-septembre.
"La Fed n'a pas besoin de beaucoup de signes d'amélioration supplémentaires et laisse ouverte la porte à une hausse en septembre", assure Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.
La présidente de la Fed Janet Yellen s'est toujours gardée de préciser ses intentions même si elle s'est déclarée favorable à une hausse "à un moment" d'ici à la fin de l'année.
Certains experts et institutions comme le FMI ont toutefois appelé la Fed à attendre la première moitié de 2016 pour opérer ce changement de cap aux vastes ramifications.
Une hausse des taux américains pourrait anis entraîner un renchérissement du coût du crédit aux Etats-Unis, mais aussi doper la rémunération des placements dans le pays, attirant les investisseurs en masse au risque de provoquer des flux de capitaux volatils sur le globe.
- Inflation en berne -
Pour justifier son attentisme, la Fed rappelle que l'inflation américaine continue d'évoluer "en dessous" de son objectif annuel de 2% et répète qu'elle attend d'être "raisonnablement confiante" que la tendance soit en train de s'inverser.
Le compte n'y est visiblement pas: les prix à la consommation continuent de progresser bien moins que ne l'espère la Fed (+0,2% sur un an en mai).
Dans son communiqué, la Banque centrale également continue de s'inquiéter de la "faiblesse" des exportations américaines, plombées par l'appréciation du dollar, et de l'investissement des entreprises.
Moteur de la croissance américaine, la consommation des ménages est restée "modérée" et le secteur immobilier a montré de nouveaux "signes d'amélioration", relève le communiqué.
La Fed en saura davantage sur l'état de santé de l'économie américaine avec la publication jeudi du produit intérieur brut au deuxième trimestre. Sur les trois premiers mois de l'année, l'activité s'était contractée de 0,2% en rythme annualisé sur fond d'hiver rigoureux.
Un net rebond du PIB pourrait changer la donne mais ce sont surtout les prochains rapports sur l'emploi qui seront cruciaux, selon les experts.
La Réserve fédérale n'a ainsi cessé de le répéter : sa décision sur la hausse des taux sera basée sur les données économiques et pas sur un calendrier "établi à l'avance".
"S'il y a des créations d'emplois correctes en juillet et août et un déclin dans le taux de chômage, la première hausse (des taux, ndlr) sera en septembre", pronostique l'économiste Joel Naroff.
Même si elles ne sont pas mentionnées dans le communiqué mercredi, la crise grecque et surtout les turbulences boursières en Chine peuvent toutefois "jouer un rôle" et contraindre la Fed à plus de patience, selon le cabinet Evercore ISI.
La Fed "s'approche d'une hausse des taux mais attend encore plus de bonnes nouvelles avant de franchir le pas", résume Chris Low de FTN Financial.