par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - La croissance de l'emploi aux Etats-Unis a ralenti en juillet dans le contexte de résurgence des infections par le nouveau coronavirus, signe clair que l'économie américaine peine à redécoller après le choc provoqué par la pandémie.
Le département du Travail a fait état vendredi de 1,763 million de créations de postes non agricoles le mois dernier après un record de 4,791 millions enregistré en juin.
Ce chiffre ressort toutefois au-dessus des attentes des économistes interrogés par Reuters qui prévoyaient en moyenne 1,6 million créations d'emplois.
Sur les marchés, les indices de Wall Street réduisaient leurs pertes: le Standard & Poor's 500 cédait 0,05% vers 14h45 GMT après avoir ouvert en baisse de 0,37%.
Le dollar (+0,76%) accentuait nettement ses gains face à un panier de devises internationales tandis que les rendements obligataires réagissaient peu.
"La reprise de l'emploi est sur un terrain très instable et sans ceinture de sécurité pour les chômeurs fournie par un nouveau coup de pouce budgétaire, l'économie pourrait traverser une passe très difficile", prévient Chris Rupkey, économiste en chef chez MUFG. "Il ne peut y avoir de croissance économique durable si le pays doit supporter le poids écrasant d'un chômage massif."
Le ralentissement du marché de l'emploi pourrait accroître la pression sur la Maison blanche et le Congrès pour parvenir à un compromis sur un nouveau plan de relance, qui permettrait d'assurer le maintien d'un soutien financier public aux millions d'Américains frappés par les conséquences économiques de la pandémie.
Mais les dissensions entre les camps démocrate et républicain ont pour l'instant empêché la prolongation d'un dispositif qui assurait aux chômeurs une indemnité de 600 dollars (506 euros) par semaine, considéré comme un soutien capital à l'économie mais qui est arrivé à échéance la semaine dernière.
Dans le détail, le rapport sur l'emploi montre que le secteur des loisirs et de l'hôtellerie a créé 592.000 emplois en juillet, en particulier dans la restauration et les bars. Les entreprises de la distribution ont créé 258.000 emplois, près de la moitié d'entre eux dans les magasins de vêtements et d'accessoires.
Les entreprises de services ont créé 170.000 postes et dans le secteur public, le nombre d'emplois a augmenté de 301.000 en juillet.
LE CHÔMAGE RECULE MAIS RESTE À PLUS DE 10%
Le taux de chômage a reculé un peu plus que prévu à 10,2%, contre 10,5% attendu, après 11,1% en juin.
Le département du Travail note toutefois la persistance d'un problème de classification des personnes interrogées pour établir les chiffres du chômage, un nombre important d'entre elles s'étant identifiées comme "employées en chômage temporaire" au lieu de "non-employées en chômage temporaire".
En excluant cette mauvaise classification, le taux de chômage atteindrait environ 11,2%.
Les économistes estiment que le programme "Paychek Protection Program", qui accorde aux entreprises des prêts qu'elles ne remboursent que partiellement si elles les utilisent pour continuer de payer leurs salariés, a permis de sauver environ 1,3 million d'emplois.
L'indemnité hebdomadaire de 600 dollars supplémentaires, qui a pris fin vendredi dernier, représentaient 20% du salaire et a contribué à doper les dépenses de consommation en mai et juin.
(Version française Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)