Tesla est devenu lundi le deuxième plus grand constructeur automobile américain en terme de capitalisation boursière, supplantant Ford, dont les ventes marquent le pas au moment où augmentent les inquiétudes sur la capacité du marché à maintenir sa croissance.
Le constructeur de voitures électriques haut de gamme, qui ne commercialise pour le moment que deux modèles - Model S et Model X - était valorisé à 47,35 milliards de dollars en Bourse vers 14H45 GMT, soit davantage que Ford (45,03 milliards). Tesla produit par an moins de 100.000 voitures et Ford plus de six millions.
Quelque 4 milliards de dollars séparent désormais Tesla de General Motors (NYSE:GM) (51,08 milliards), le premier constructeur automobile américain en termes de ventes et troisième mondial.
Fondée en 2003 par le milliardaire d'origine sud-africaine Elon Musk, Tesla est vite devenu un chouchou des investisseurs, séduits par ses innovations.
L'action est ainsi passée de 17 dollars en juin 2010 à 293 dollars actuellement, une flambée alimentée par les perspectives du groupe dans la voiture autonome et l'intelligence artificielle malgré des accrocs tel un accident mortel impliquant son système d'aide à la conduite Autopilot.
En annonçant dimanche avoir livré plus de 25.000 voitures au premier trimestre, un record trimestriel, Tesla a quelque peu rassuré les marchés sur sa capacité à augmenter sa production afin de répondre à la forte demande pour son modèle grand public à venir, le "Model 3". La production de cette berline, annoncée au prix de base de 35.000 dollars, doit démarrer en juillet. Tesla a déjà reçu près de 400.000 pré-commandes.
La marque a l'ambition de produire 500.000 véhicules par an en 2018 mais pour financer cette montée en puissance, elle est en quête de capitaux frais. Le groupe chinois Tencent en est devenu actionnaire la semaine dernière en déboursant 1,8 milliard de dollars pour 5% du capital.
- Défauts de paiements -
Les interrogations s'accumulent, elles, pour les autres grands constructeurs américains après l'annonce lundi de chiffres de ventes de voitures décevants en mars.
GM est arrivé à surnager en vendant 256.224 véhicules le mois dernier, une hausse de 1,6% sur un an mais toutefois inférieure aux 9,6% attendus par le cabinet spécialisé Edmunds.com.
Ford a pour sa part enregistré un recul de 7,2% à 236.250 unités, principalement à cause des petites voitures dont la demande a chuté de 24,2% en un an.
La marque à l'ovale bleu, qui multiplie les initiatives et les investissements afin d'être un des leaders dans les voitures autonomes et services de mobilité, a renoncé, sous la pression du président, Donald Trump, à délocaliser la production au Mexique de ces petites voitures aux marges faibles.
FCA US (ex-Chrysler) souffre du déclin des ventes de sa marque de SUV (4X4 de loisirs) Jeep. Le groupe, filiale de FCA Automobiles (groupe Fiat), a enregistré un recul de 5% de ses ventes à 190.254 unités.
Les chiffres officiels, attendus dans la journée, devraient montrer un total de 17,2 millions de véhicules en rythme annuel corrigé des variations saisonnières (SAAR), en hausse de 2% sur un an, selon Edmunds.com.
"Quand vous regardez les chiffres des ventes, on peut être tenté de dire que l'industrie est au moins aussi solide qu'à la même période il y a un an", commente Jessica Caldwell chez Edmunds.com.
"Mais à regarder de près, il y a plusieurs zones d'inquiétudes", avance l'analyste. Les stocks sont à leur plus haut depuis plus d'une décennie, les promotions sont importantes, la durée des crédits autos s'est allongée et les taux d'intérêt remontent.
Les défauts de paiements des crédits auto ont en outre atteint un plus haut depuis 1996, avance l'agence de notation Fitch Ratings.
A ceci s'ajoute le fait que les prix des voitures d'occasion ont chuté et devraient encore plonger de 25 à 50% lors des quatre à cinq prochaines années, met en garde la banque Morgan Stanley (NYSE:MS).
Du côté des constructeurs étrangers, si Nissan (T:7201) a vendu plus de voitures neuves qu'escompté (168.832, en hausse de 3,2% contre +2,7% prévu), Honda a vu ses ventes reculer de 0,7% sur un an à 137.227 unités.
Volkswagen (DE:VOWG_p) poursuit son redressement après le scandale du "dieselgate" avec 27.635 véhicules neufs écoulés, en hausse de 2,68% sur un an, tandis que Toyota (T:7203) en a vendu 215.224 (-2,1%).