La deuxième compagnie aérienne allemande Air Berlin, en difficulté chronique, a trouvé un sauveur: l'émirati Etihad Airways devient son premier actionnaire et va la financer pour les années à venir, en échange d'un accès élargi au marché allemand.
Etihad, compagnie appartenant à 100% à l'émirat d'Abou Dhabi, a annoncé lundi qu'elle achetait une part de 27% du capital d'Air Berlin pour 95 millions de dollars (73 millions d'euros), portant sa participation totale à 29,21%. Elle en restera là, a prévenu lors d'une conférence de presse à Berlin son patron Jim Hogan.
La compagnie émiratie, sponsor de l'équipe de football de Premier League londonienne Chelsea, va aussi mettre à disposition de sa nouvelle partenaire près de 195 millions d'euros de lignes de crédit à cinq ans, pour la soulager de ses soucis de liquidité les plus pressants.
Cela "apaise les craintes sur les liquidités à court terme d'Air Berlin", à un niveau critique, explique à l'AFP l'analyste de Commerzbank Johannes Braun. Un soulagement qui profitait à l'action: elle prenait 8,61% à 2,51 euros à 13H45 GMT à Francfort.
Air Berlin traverse une crise profonde. Après des années de croissance quasi-exponentielle, la compagnie est très endettée et vulnérable à une série de facteurs négatifs. Parmi eux le fléchissement de la conjoncture, mais aussi une nouvelle taxe prélevée au départ de tous les vols d'Allemagne, ainsi que l'instabilité politique en Afrique du Nord qui a fait fuir de la région les touristes allemands.
C'est le transport de ceux-ci, surtout vers les Baléares, qui a fait le succès d'Air Berlin. A présent, la compagnie transporte 33 millions de passagers par an vers plus de 170 destinations.
Air Berlin, lancée dans une cure drastique d'austérité, va être déficitaire cette année comme tous les ans depuis 2007 et "2012 sera une année difficile", a prévenu le patron Harmut Mehdorn. Mais son nouveau partenaire du Golfe, qui vise lui-même l'équilibre dans ses comptes pour la première fois cette année, est "convaincu qu'Air Berlin avance vers la rentabilité", a dit M. Hogan.
Les deux compagnies ont conclu un partenariat stratégique, avec partage de codes, synergies dans les systèmes de réservation et les programmes de fidélité. Cette alliance sera une "nouvelle porte vers l'Asie et l'Australie", s'est félicité M. Mehdorn.
Concrètement, sa compagnie acheminera les touristes allemands vers Abou Dhabi, notamment par le biais d'une nouvelle ligne depuis Berlin, et Etihad les emmènera en Australie et en Extrême-Orient. Un arrangement qui pourrait ne pas être du goût de la compagnie australienne Qantas, membre de l'alliance OneWorld qu'Air Berlin va rejoindre l'an prochain.
Pour Etihad, l'investissement dans Air Berlin "améliore notre position sur le marché européen", a dit M. Hogan et tout particulièrement sur le marché allemand, "l'un des plus dynamiques" en Europe.
Grâce à sa position géographique centrale, à la robustesse de son économie et au goût de ses habitants pour les voyages, l'Allemagne est une cible de choix pour les compagnies étrangères, et notamment celles du Golfe en forte croissance.
Emirates, la plus grosse de celles-ci, s'active depuis plusieurs années déjà pour obtenir des créneaux à Berlin, et lorgne vers Stuttgart, capitale allemande de l'automobile.
Etihad et Air Berlin évaluent les bénéfices de leur partenariat à 35 à 40 millions d'euros par an pour chacune de chiffre d'affaires supplémentaire. Soit environ 1% du chiffre d'affaires de cette dernière (3,7 milliards d'euros en 2010), et à peine plus pour Etihad (2,3 milliards d'euros).