Des chauffeurs VTC ont maintenu vendredi la pression sur les plateformes de réservation et les autorités publiques, en bloquant plusieurs heures l'accès aux aéroports parisiens la veille des vacances scolaires, poussant le gouvernement à recevoir leurs représentants.
Le mouvement lancé par l'Unsa-VTC, Actif-VTC et CAPA-VTC, vise à interpeller les applications de mise en relation entre particuliers et chauffeurs indépendants, Uber en tête, sur les conditions tarifaires et le manque de concertation.
Le leader du secteur VTC (voiture de transport avec chauffeur) a fermé la porte vendredi à des négociations à ce stade.
"Face à des telles violences et menaces, les conditions d'une discussion ne sont en aucun cas réunies", a affirmé la filiale française de l'entreprise américaine dans un communiqué, au moment où une délégation de chauffeurs devait être reçue au secrétariat d'Etat aux Transports.
Après avoir bloqué jeudi la porte Maillot, axe de circulation très fréquenté de l'ouest parisien, les manifestants ont organisé vendredi matin des barrages aux accès de Roissy-Charles de Gaulle et d'Orly, qu'ils ont levés en milieu de matinée pour regagner la capitale.
L'accès à Roissy depuis l'autoroute "était totalement saturé" jusqu'à 10H00, en raison de la mise en place d'un "gros barrage" en amont de la plateforme, impliquant 70 véhicules venus de la Porte Maillot, selon une source aéroportuaire.
La préfecture de police avait précisé dans un tweet avoir "procédé à l'enlèvement de véhicules pour libérer les voies de circulation". Les policiers ont signalé des "fumigènes, jets d'œufs et de farine" par des manifestants, pour "certains cagoulés".
Le préfet délégué aux aéroports Philippe Riffault a mis en cause "le comportement de certains chauffeurs de VTC obligeant des clients de VTC ou taxis à descendre du véhicule, parfois brutalement, provoquant la peur des passagers". Ces comportements sont "inadmissibles et discréditent leurs auteurs", a-t-il déploré.
A Orly, une cinquantaine de chauffeurs ont organisé des barrages filtrants entre 05H30 et 10H00. Ils "laissaient passer tous les véhicules sauf les VTC non grévistes", a indiqué une source aéroportuaire, mentionnant là aussi "quelques heurts, des jets d'œufs et de farine".
- Modifications tarifaires -
Les chauffeurs présents à Roissy ont pris la direction du siège d'Uber, dans le nord-est de Paris, quand leurs collègues d'Orly se sont dirigés vers celui de Chauffeur Privé où ils devaient être reçus, selon l'Unsa. Un retour porte Maillot est envisagé dans la soirée.
La colère des chauffeurs se dirige principalement sur le géant américain Uber, coupable à leurs yeux d'imposer des conditions de travail défavorables.
"Uber a saigné les chauffeurs", "Uber=esclavage moderne" ou encore "non aux déconnexions arbitraires", pouvait-on lire sur des banderoles déployées lors du rassemblement organisé jeudi porte Maillot, de 400 à 500 berlines noires.
Récemment, l'entreprise a fait un geste en augmentant de 10 à 15% les prix de son service classique UberX. Mais elle a dans le même temps relevé de 20 à 25% la commission prélevée sur chaque course.
Un porte-parole avait soutenu mercredi que le mouvement de protestation était "sans rapport avec les récents changements tarifaires" qui ont permis une hausse du revenu des chauffeurs partenaires "d'environ 5%".
Les associations de chauffeurs avaient qualifié ces annonces de "fumisterie". Selon elles, l'évolution tarifaire ne comble pas les pertes enregistrées depuis la baisse de 20% décrétée par Uber à Paris en octobre 2015.
L’Assemblée nationale examinera lundi en seconde lecture le projet de loi du député PS Laurent Grandguillaume qui vise à "pacifier" les relations dans le transport public de la personne, notamment entre taxis et VTC, lutter contre l'emprise des plateformes sur les chauffeurs et durcir l'accès à cette dernière profession.
Le texte, adopté en première lecture au Sénat le 3 novembre, reviendra devant la Chambre haute en janvier pour un vote définitif.