Toujours plus d'argent pour venir en aide aux caisses d'épargne: telle est la mesure à laquelle semble désormais se résoudre le gouvernement espagnol pour rendre plus solides et crédibles ces entités, qui restent le maillon faible du système financier du pays.
"Le gouvernement prépare un plan" dont l'objectif est de "renforcer la solvabilité et la crédibilité des caisses d'épargne" a annoncé M. Rubalcaba à l'issue du Conseil des ministres, sans plus de détails.
Dix-huit mois après avoir enclenché un vaste mouvement de restructuration des caisses, qui englobent la moitié du secteur bancaire espagnol, le fonds d'aide public Frob semblait lui aussi vendredi prêt à aller plus loin.
Selon une présentation datée de mardi et disponible sur son site, le Frob, créé en juin 2009 et administré par le ministère de l'Economie et la Banque d'Espagne, estime que "de nouvelles réformes légales pourraient être menées pour renforcer la transparence et la solvabilité du secteur".
Car les caisses d'épargne, des fondations non cotées en Bourse, manquent encore cruellement d'argent, deux ans après avoir été ébranlées par l'éclatement de la bulle immobilière fin 2008.
Parmi les "hypothèses de travail" envisagées par le Frob: faciliter le recours au marché des caisses pour se financer ou l'entrée d'investisseurs privés à leur capital.
Et si les caisses n'arrivent pas à trouver d'argent privé, le Frob apportera "si nécessaire" un "soutien temporaire" pour chercher des investisseurs et "en dernier recours, pourrait fournir les fonds directement en prenant temporairement une part dans l'entité", soit une nationalisation partielle de certaines caisses.
Selon le journal El Pais, qui cite des sources proches de la Banque d'Espagne, le gouvernement approuvera "avant la fin du mois" un nouveau décret avec ces "changements".
Une seconde vague de "recapitalisation" serait alors opérée pour les caisses les plus faibles, et 10 milliards d'euros d'argent public seraient injectés après l'apport d'environ 12 milliards par le Frob l'an passé.
"Le destin de toutes les caisses d'épargne est de devenir des banques", résume laconiquement un porte-parole de l'exécutif, cité par El Pais.
"C'est ce que prévoit déjà la réforme adoptée l'an dernier, mais là le gouvernement dit que de possibilité, on va passer à l'obligation", explique Jesus Castillo, spécialiste de l'Europe du Sud chez Natixis, qui qualifie la réforme d'"opération séduction" à l'intention des investisseurs privés.
En effet, les caisses d'épargne sont "des institutions financières mal connues hors d'Espagne", avec des règles "un peu extraterrestres", alors qu'"une banque, tout le monde sait ce que c'est".
Même constat chez Jorge Soley, professeur à l'IESE Business School de Madrid, pour qui les caisses ont "un problème de crédibilité" et qui prévoit que "d'ici deux ans, la figure juridique des caisses disparaîtra".
Contactés par l'AFP, ni la Banque d'Espagne ni le ministère de l'Economie n'ont confirmé l'imminence d'un décret, un porte-parole du ministère se bornant à indiquer que "le gouvernement continue à travailler pour que les entités expliquent mieux leurs bilans et améliorent la structure de leur capital".
En 2010, les caisses, pénalisées par leur petite taille pendant la crise, ont été poussées par les autorités à se regrouper afin d'être plus solides: 40 ont participé à des fusions ou rapprochements, sur 45 établissements à l'origine, pour aboutir à 17 entités.