Le numéro un mondial des téléphones mobiles, le Finlandais Nokia, a publié jeudi des pertes pour la deuxième fois depuis qu'il est devenu leader du secteur en 1998, mais a estimé que sa stratégie de redressement avec l'Américain Microsoft était sur la bonne voie.
Au deuxième trimestre, Nokia a subi une perte nette plus lourde qu'attendu de 368 millions d'euros, contre un bénéfice de 227 millions d'euros un an auparavant.
Les analystes tablaient en moyenne sur une perte de 104 millions d'euros, selon Dow Jones Newswires, le deuxième résultat négatif après la perte historique du troisième trimestre 2009.
Même s'il a reconnu des résultats "clairement décevants", le PDG de Nokia a estimé que le géant en difficulté faisait "de meilleurs progrès que prévu" pour atteindre ses objectifs, même si la "pression" de la concurrence continuerait à se faire sentir.
"Le deuxième trimestre a été une déception, mais pour le troisième trimestre nous mettons très bien en place notre stratégie et nous commençons à voir un impact très positif sur la santé de l'entreprise", a déclaré le canadien Stephen Elop lors d'une conférence téléphonique.
A la Bourse d'Helsinki, l'action Nokia a terminé sur une hausse de 2,5% à 4,18 euros, les analystes ayant relevé un résultat opérationnel hors exceptionnels moins mauvais qu'attendu.
Nokia, qui s'est allié en février avec Microsoft pour lancer des téléphones susceptibles de contrer l'essor fulgurant de l'iPhone de l'Américain Apple et des smartphones sous système d'exploitation Android (Google), est en plein bouleversement.
Le géant a annoncé fin avril la suppression de quelque 4.000 emplois et l'externalisation de 3.000 autres du fait de l'abandon progressif de son propre système d'exploitation Symbian au profit de celui de Microsoft, Windows Phone.
Le premier lancement d'un Nokia sous Windows Phone est bien prévu cette année, le gros de la riposte devant suivre en 2012, a confirmé M. Elop.
Mais pour l'heure, les ventes ont de nouveau été en berne, même si les investisseurs redoutaient pire: le chiffre d'affaires a reculé de 7% à 9,28 milliards d'euros, et le nombre de téléphones vendus a plongé de 20% à 88,5 millions d'appareils, contre 111 millions un an plus tôt.
Contrairement à son habitude, Nokia a même cessé de publier sa part de marché estimée, qu'il calculait à 29% au premier trimestre, loin des 40% qu'il contrôlait encore début 2008.
Selon Sami Sarkamies, analyste de la banque Nordea, les analystes s'accordent sur le fait que Nokia ne vendrait actuellement que 23% des téléphones dans le monde.
En mai, le cabinet de référence Gartner estimait la part de marché de Nokia à 25% devant ses poursuivants, les Sud-Coréens Samsung (16%) et LG (5,6%) puis Apple (3,9%).
Quels résultats pour Nokia d'ici la fin de l'année? M. Sarkamies pense que le troisième trimestre sera encore plus mauvais que le deuxième, mais pour Michael Schroeder de la banque FIM, étant données les circonstances, même un résultat opérationnel nul "pourrait être perçu comme positif".
Nokia prévoit lui "une marge opérationnelle très légèrement au-dessus de zéro", à 2% de marge d'erreur près.
Fleuron technologique de la Finlande, Nokia a vu son étoile pâlir au fur et à mesure que celle d'Apple et de l'iPhone se mettait à briller.
Nokia, géant de 138.800 employés (en comptant les 75.000 de sa coentreprise Nokia Siemens) ne valait plus jeudi soir que 14,6 milliards d'euros en Bourse à la clôture, trois fois moins qu'en avril 2010 et sept fois moins qu'en novembre 2007, l'année du lancement de l'iPhone d'Apple.
Ce dernier vient d'annoncer des résultats record qui contrastent avec ceux du Finlandais. Et les analystes sont de plus en plus sensibles aux rumeurs de rachat de Nokia, fermement démenties par la direction, citant Microsoft ou Google parmi les acquéreurs potentiels.