Le président de la Commission européenne a prôné une réévaluation des capacités du Fonds de soutien européen, déclarant que la crise de la dette s'étend au-delà des pays fragiles de la zone euro, dans un courrier adressé aux dirigeants de l'Union monétaire, obtenu jeudi.
"Je saisis l'occasion pour inviter à une rapide réévaluation des éléments relatifs au Fonds européen de stabilité financière (FESF) et au mécanisme appelé à lui succéder, afin de s'assurer qu'ils sont proprement équipés pour gérer des risques de contagion", a écrit M. Barroso, dans une lettre adressée aux dirigeants de la zone euro et datée de mercredi.
Interrogée pour savoir si cela signifiait une augmentation du fonds, une porte-parole de la Commission européenne a répondu que la taille "faisait partie des éléments" appelés à être réévalués.
Ce fonds créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal a une taille de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l'Italie.
Or, la crise de la dette "ne touche plus uniquement la périphérie de la zone euro (pays les plus fragiles, NDLR)", a estimé M. Barroso.
Des risques de contagion ont touché cette semaine l'Italie et l'Espagne, mais des pays moins endettés ou mieux notés par les agences de notation ont également été mis sous pression par les marchés et ont vu la prime de risque qu'ils paient pour se financer sur les marchés atteindre des niveaux record, comme la Belgique.
Dans son courrier, le chef de l'exécutif européen reconnaît également que "les décisions audacieuses prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet n'ont pas eu les effets escomptés sur les marchés".
Outre le second plan d'aide pour la Grèce, le sommet extraordinaire du 21 a entériné des modifications concernant le FESF, qui pourra intervenir sur le marché secondaire de la dette (où sont échangés les titres déjà en circulation) et aider, si besoin est, à recapitaliser des banques en difficulté.
Ces avancées doivent encore être approuvées par les Parlements nationaux à la rentrée, et des réticences sont appréhendées dans certains pays.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déjà averti qu'il refusait de "signer un chèque en blanc" pour le rachat d'obligations par le FESF.
A l'heure actuelle, seule la Banque centrale européenne (BCE) peut acheter de la dette sur le marché secondaire, mais elle estime qu'elle en a fait assez et que ce sont aux responsables politiques européens de trouver une solution. Elle n'est pas intervenue sur les marchés depuis 18 semaines.
Lors de la conférence de presse de la BCE jeudi à Francfort, son président Jean-Claude Trichet a laissé entendre que l'institution avait repris ou était sur le point de reprendre ses achats d'obligations publiques de pays de la zone euro.
"Je ne serais pas surpris si quelque chose se passait avant la fin de cette conférence de presse", a-t-il dit, interrogé sur ce programme de rachats, dormant depuis plus de quatre mois. Prié concrètement de confirmer des interventions sur le marché secondaire, il a répondu "il me semble que j'ai confirmé d'avance".
M. Barroso avait fait savoir mercredi qu'il allait écrire aux dirigeants européens pour les presser de mettre en place rapidement les mesures prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet.