Le ministre japonais de l'Economie a démissionné samedi pour avoir parlé de "ville de mort" à propos des environs désertés de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, ont annoncé les médias nippons.
Nommé il y a à peine une semaine par le nouveau Premier ministre de centre-gauche Yoshihiko Noda, Yoshio Hachiro était vivement critiqué par l'opposition conservatrice pour ces propos tenus à l'issue d'une visite dans la région de Fukushima (nord-est).
Au cours d'une conférence de presse vendredi, M. Hachiro avait déclaré : "Malheureusement, il n'y avait pas âme qui vive dans les rues des agglomérations voisines de la centrale. Cela faisait penser à une ville de mort".
Après sa visite de la centrale jeudi, M. Hachiro avait en outre fait mine de frotter sa veste contre un journaliste, lui disant que cela allait "le contaminer à la radioactivité".
Cette remarque et cette plaisanterie ont été dénoncées comme des preuves d'insensibilité et de mauvais goût par l'opposition qui a immédiatement demandé à M. Noda de renvoyer leur auteur.
Malgré ses excuses présentées rapidement, M. Hachiro a dû se résoudre à jeter l'éponge samedi, ont affirmé l'agence de presse Kyodo et la télévision publique NHK. Le Premier ministre a accepté sa démission, a-t-il été précisé.
Le sujet est très sensible au Japon, car 80.000 personnes ont été évacuées autour de la centrale Fukushima Daiichi, où des explosions et des fuites radioactives se sont produites après le passage d'un tsunami de 14 mètres de haut qui a stoppé les systèmes de refroidissement.
Les autorités ont laissé entendre que les évacués ne pourraient pas rentrer chez eux avant des années.
Dimanche, les habitants des zones touchées par ces catastrophes s'apprêteront à commémorer les six mois du désastre.
Ce départ prématuré constitue un rude coup pour M. Noda, à peine installé au poste de Premier ministre en remplacement de Naoto Kan, dont la gestion des conséquences du tsunami du 11 mars, qui a fait près de 20.000 morts et disparus dans la région du Tohoku (nord-est), et de l'accident nucléaire de Fukushima avait été vivement contestée.
Aux commandes depuis le vendredi 2 septembre, le sixième Premier ministre du Japon en cinq ans, avait créé la surprise en nommant à des postes clés de son équipe des hommes sans expérience gouvernementale, comme M. Hachiro.
Agronome de formation et défenseur des paysans, des petits entrepreneurs et des travailleurs précaires, M. Hachiro, 63 ans, s'était vu attribuer le puissant ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti).
Il devait notamment s'attaquer au défi de la politique énergétique du Japon, bouleversée par l'accident de Fukushima, depuis lequel la plupart des 54 réacteurs nucléaires du Japon sont arrêtés par précaution.
M. Noda a reconnu qu'il serait difficile de construire de nouvelles centrales nucléaires dans l'archipel, marqué par le plus grave accident de ce type depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
En tant que dirigeant du Meti, M. Hachiro devait en outre s'occuper de l'extension des accords commerciaux du Japon et des mesures de soutien aux entreprises nippones qui menacent de quitter le pays à cause de la cherté de la monnaie japonaise, un handicap qui lamine leur compétitivité à l'étranger.