Prise en étau entre les inquiétudes géopolitiques et la crise de la dette, la Bourse de Paris est retombée à ses niveaux de début d'année et va devoir suivre la situation au Moyen-Orient et les décisions prises lors du sommet européen pour espérer rebondir.
Sur la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a perdu 2,28% pour s'inscrire à 3.928,68 points, après avoir enregistré quatre séances de repli.
Le marché parisien a une nouvelle fois eu les yeux rivés sur les cours du pétrole et les développements au Moyen-Orient, alors que des manifestations en Arabie saoudite en fin de semaine ont ravivé les craintes d'une contagion des troubles au premier producteur mondial de pétrole.
En plus de ce contexte géopolitique, les investisseurs ont eu à avaler de nombreuses couleuvres: le double coup de semonce de l'agence Moody's qui a dégradé la note de la Grèce puis celle de l'Espagne, ainsi que l'emprunt à prix fort de Lisbonne sur les marchés.
Le retour de la crise de la dette a logiquement pesé sur le secteur bancaire et a rappelé aux investisseurs que cette page était loin d'être tournée.
Résultat: le marché est attentif au sommet des 17 membres de la zone euro, qui a démarré vendredi soir, pour voir quelles seront les solutions apportées.
"Au regard des déclarations des uns et des autres, les attentes des marchés ne sont pas aussi fortes qu'il y a quinze jours", estime toutefois Jean-Louis Mourier de la maison de courtage Aurel.
L'attention dans les jours à venir risque donc de tourner une nouvelle fois autour des prix du pétrole et de la situation dans le monde arabe.
"Les marchés commencent à s'habituer à la situation en Libye", estime l'économiste. En revanche, "ce qu'ils craignent, c'est une configuration +à la libyenne+ pour un autre pays producteur de pétrole, soit une paralysie de la production pétrolière, ou bien une déstabilisation des forces de sécurité donnant lieu à des dégradations des installations pétrolières".
Pour Wilfrid Pham, directeur de la gestion actions chez Natixis AM, le problème saoudien et la question du prix du pétrole renforcent en outre les craintes sur l'inflation, pèsent sur la croissance future, et incitent la plupart des économistes à revoir leur scénario macroéconomique.
"Le marché s'interroge sur le comportement que vont adopter les banques centrales si le prix du pétrole continue à augmenter", souligne le gérant.
Dans cette optique, la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui s'achève mardi sera surveillée, certains analystes tablant sur une inflexion du discours de la banque centrale concernant sa politique.
"C'est trop attendre de la Fed qu'elle fasse état d'augmentation des anticipations d'inflation". Il serait plus réaliste de tabler sur un commentaire visant à "ancrer les attentes concernant l'inflation à un niveau faible", estime Rob Carnell d'ING.
Sur le plan statistique, les indicateurs de prix aux Etats-Unis ainsi que les premières enquêtes d'activité (New York et Philadelphie) concernant le mois de mars retiendront l'attention des investisseurs.
Le séisme meurtrier survenu vendredi au Japon qui a inquiété les marchés risque de devenir un sujet proprement nippon, ou du moins asiatique, dès la semaine prochaine, s'accordent les analystes.
Faute d'éléments de soutien -- la saison des résultats touchant à sa fin -- le marché parisien risque une nouvelle fois d'être volatil.