par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Wall Street se prépare à sa pire saison des résultats trimestriels depuis 2009 avec sérénité, comptant sur le maintien d'une politique monétaire accommodante par la Réserve fédérale pour absorber le choc.
Si les dernières semaines ont été marquées par des dégagements de la part des investisseurs, il n'y a pas eu de vente panique sur les actions toutefois.
Pourtant, les prévisions sur les bénéfices des entreprises du S&P 500 n'ont cessé d'être revues à la baisse depuis le début de l'année en raison à la fois de la flambée du dollar, de la chute des cours du pétrole et d'un hiver rigoureux qui a pesé sur l'activité.
Alcoa (NYSE:AA) donnera mercredi le coup d'envoi des publications de résultats du premier trimestre et JPMorgan Chase ainsi que d'autres banques mais aussi General Electric (NYSE:GE) suivront la semaine prochaine.
Les résultats des entreprises du S&P 500 sont attendus en baisse de 2,8% sur le trimestre, par rapport à la même période un an auparavant, ce qui en ferait le pire trimestre depuis le troisième trimestre de 2009, encore marqué par les séquelles de la crise financière, montrent des données de Thomson Reuters.
Le sentiment des investisseurs reste soutenu par les anticipations d'un report par la Réserve fédérale de la première hausse de ses taux directeurs depuis près de dix ans. L'indice S&P 500 a cédé 1,7% en mars mais affiche encore une hausse symbolique de 0,8% par rapport à son niveau de la fin 2014.
"FORTE PROBABILITÉ DE BONNES SURPRISES"
"Le marché résiste remarquablement bien... face aux inquiétudes sur les résultats et au fait que les nouvelles économiques sont un peu moins bonnes qu'attendu", relève Robert Pavlik, responsable de la stratégie de marché de Boston Private Wealth. "Les anticipations prennent en compte la possibilité que la Réserve fédérale ne modifie pas ses taux au moins jusqu'en septembre, peut-être même un peu plus tard."
Les résultats des entreprises du S&P 500 dépassent en général des attentes revues à la baisse et les stratèges soulignent qu'une forte révision en baisse des prévisions pour le premier trimestre rend d'autant plus facile leur dépassement.
Le marché "n'attend pas grand chose" en termes de résultats pour ce trimestre, note Joe Bell, analyste sur les actions de Schaeffer's Investment Research, ce qui signifie que "la probabilité de bonnes surprises est d'autant plus élevée."
Du premier trimestre 2008 au quatrième trimestre 2014, les données de Thomson Reuters montrent un écart médian positif de 8,5% entre les prévisions de résultats pour un trimestre donné et les résultats publiés.
De fait, la baisse des résultats au premier trimestre a été largement annoncée, y compris par les entreprise elles-mêmes.
Si les résultats sont conformes aux attentes des analystes, les actions sembleront un peu chères mais toute bonne surprise contribuera au contraire à rendre les valorisations raisonnables.
Le ratio de capitalisation des résultats attendus du S&P 500 ressort à 16,7 fois contre plus 17 fois il y a quelques semaines, proche de son niveau de la fin 2014. Sa moyenne de longue période est de 14,9, selon les données Thomson Reuters.
Les perspectives de résultats publiées par les entreprises elles-mêmes n'ont jamais été aussi pessimistes depuis le quatrième trimestre de 2013, montrent encore les données Thomson Reuters.
DOLLAR FORT ET BAISSE DU PETROLE
Sur les 128 perspectives publiées par les entreprises du S&P 500, 105 sont des révisions à la baisse et 17 seulement des révisions à la hausse.
Au moins 69 des 105 avertissements sur résultats du trimestre sous revue sont principalement imputés à la vigueur du dollar, ce qui en fait de loin le facteur pénalisant le plus largement cité, montre une analyse conduite par Thomson Reuters.
La hausse du dollar se traduit comptablement par un effet de change négatif sur les résultats dégagés hors des Etats-Unis par les multinationales américaines. Le dollar s'est apprécié de 9% contre un panier de devises des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis sur le premier trimestre.
Priceline et Hewlett-Packard figurent parmi les entreprises pour lesquelles l'effet de change est le plus négatif, selon cette analyse.
"Le change est notre principal défi à court terme", avait déclaré le PDG de Priceline Darren Huston, lors d'une téléconférence le 19 février, soulignant que 90% de l'activité de son entreprise était réalisée à l'international.
Seules quelques entreprises ont imputé la dégradation attendue de leurs résultats aux conditions climatiques rigoureuses du début d'année.
Aux moins onze entreprises ont mentionné la baisse des cours du pétrole comme un facteur négatif mais 13 l'ont cité comme ayant un impact favorable.
Aucune des entreprises du S&P 500 du secteur de l'énergie n'a donné d'indication sur ses résultats trimestriels. La forte chute attendue de leurs profits constitue la raison principale de la perspective négative pour l'ensemble des valeurs de l'indice.
Les profits des valeurs du S&P 500 du secteur de l'énergie sont attendus en baisse de 64% par rapport au premier trimestre de 2014, montrent les données Thomson Reuters.
Hors énergie, les profits des entreprises du S&P 500 sont attendus en hausse de 5,4% sur le trimestre.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)