Le nouveau président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, consacre son premier voyage officiel à l'Afrique, avec une étape mardi à Abidjan, où il a apporté son soutien au président Alassane Ouattara, qui lui a demandé une "hausse substantielle" des montants accordés à son pays.
"J'ai pu contempler aujourd'hui les dividendes de la paix, et avec la paix il peut y avoir une croissance économique rapide (...). Pour qu'un pays connaisse une croissance durable, il doit prendre en compte les femmes et fournir des emplois aux jeunes", a déclaré à la presse Jim Yong Kim à l'issue de sa rencontre avec M. Ouattara.
Jim Yong Kim avait auparavant visité un centre de formation destiné aux jeunes, parmi lesquels des ex-combattants, un parc industriel pour petites et moyennes entreprises agro-industrielles et rencontré des associations de femmes.
Le président de la Banque mondiale (BM) a ajouté qu'il était venu apporter son soutien au peuple ivoirien et à ses dirigeants, soulignant que la Côte d'Ivoire représente 40% de l'économie de l'Afrique de l'Ouest.
"Nous avons besoin que la Côte d'Ivoire réussisse. Tant que les Ivoiriens continueront de choisir la paix et de faire des efforts pour l'éducation (...), nous sommes certains que la Côte d'Ivoire connaîtra de grands succès dans le futur", a assuré Jim Yong Kim.
Croissance de +8%
Pour sa part, le président Alassane Ouattara, familier des arcanes des institutions internationales en tant qu'ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a rappelé qu'après avoir fait "toutes les réformes nécessaires", la Côte d'Ivoire qui avait connu une récession en 2011 aurait un taux de croissance de +8% cette année, avec l'objectif d'un taux à deux chiffres à partir de 2014-2015.
"Nous souhaitons une plus grande flexibilité dans les modes d'interventions de votre institution et que les montants alloués à la Côte d'Ivoire soient augmentées de manière substantielle", a-t-il poursuivi sans autre précision.
Le chef d'Etat s'est félicité que Jim Yong Kim ait choisi le continent africain et la Côte d'Ivoire pour son premier voyage officiel.
"J'ai choisi l'Afrique pour ma première visite officielle en tant que président de la Banque mondiale, reconnaissant ainsi la priorité donnée par les gouvernements du continent à une croissance plus rapide et à une réduction de la pauvreté", avait expliqué Jim Yong Kim, dans un communiqué.
"Dans le passé, l'Afrique se définissait souvent par ses problèmes, mais aujourd'hui, qu'il s'agisse de l'autonomisation des femmes, de la création d'emplois pour les jeunes ou du lancement de nouvelles entreprises, les meilleures idées et solutions en matière de développement proviennent de plus en plus souvent d'Afrique", a-t-il ajouté.
Jim Yong Kim, un médecin et anthropologue américano-coréen de 52 ans, a pris ses fonctions début juillet, succédant à Robert Zoellick.
Choisi par le président Barack Obama, M. Kim avait été nommé à la tête de la Banque mondiale, une multinationale du développement basée à Washington et qui compte 187 Etats-membres, après avoir affronté la concurrence inédite de la ministre des Finances nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, qui réclamait un processus de sélection "plus transparent".
Selon une règle non écrite, les Américains désignent un des leurs à la tête de la BM, tandis que la direction du FMI est réservée à un Européen.
La Côte d'Ivoire reste marquée par la grave crise politico-militaire de 2010-2011 qui a fait quelque 3.000 morts. Mais sur le plan financier, le pays a vu ses perspectives se dégager grâce à un allègement de sa dette extérieure. La BM et le FMI ont ainsi approuvé fin juin un allègement de 4,4 milliards de dollars, qualifiée de "véritable bouffée d'oxygène" propice à la reconstruction par les autorités du pays.
Jim Yong Kim quittera Abidjan mercredi pour l'Afrique du Sud.