PARIS (Reuters) - Dix islamistes radicaux étrangers ont été expulsés de France en 2014 et 52 dossiers supplémentaires sont en cours d'instruction, a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le ministre, qui était auditionné par la commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes de l'Assemblée nationale, a rappelé qu'entre 2007 et 2012, huit personnes étaient expulsées en moyenne chaque année.
"Dix expulsions ont été exécutées en 2014 et l'instruction de 52 dossiers est en cours", a déclaré Bernard Cazeneuve.
Ces dossiers concernent des personnes condamnées pour des faits liés au terrorisme et des prêcheurs radicaux, a-t-on par la suite précisé dans l'entourage du ministre.
A ce jour, 69 interdictions de sortie du territoire ont été prononcées à l'encontre de ressortissants français soupçonnés de vouloir rejoindre des "organisations actives au Moyen-Orient" --nouveauté introduite par la loi de lutte contre le terrorisme adoptée en novembre dernier-- et 24 interdictions administratives de territoires ont été prononcées à l'encontre d'étrangers, a précisé Bernard Cazeneuve.
Trente-six sites internet faisant l'apologie du terrorisme ont aussi fait l'objet d'un blocage administratif, une autre mesure introduite par la loi de novembre 2014 et permise depuis la publication des décrets d'application en février et mars derniers.
"D'autres sont à venir", a indiqué le ministre de l'Intérieur.
Plus de 1.600 Français (1.683), dont un très grand nombre de jeunes, sont impliqués dans les filières djihadistes irako-syriennes, contre 555 en janvier 2014, soit une augmentation de 203%, a déclaré Bernard Cazeneuve.
105 FRANÇAIS MORTS AU COMBAT
Le nombre de combattants français dans la zone a, lui, augmenté de 104% en un an et demi, à 457 contre 224 individus au 1er janvier 2014. Parmi eux, on trouve 137 femmes et 80 mineurs parmi lesquels 45 filles.
Quelque 213 djihadistes présumés sont rentrés en France, 105 sont morts dans la région (dont 8 dans des attentats suicide), et deux sont détenus en Syrie, a précisé Bernard Cazeneuve.
Six régions sont principalement touchées par ce phénomène : l'Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées.
En avril 2014, le gouvernement français a adopté un plan de prévention et de lutte contre les filières djihadistes prévoyant notamment un numéro vert et une plate-forme de signalement sur internet à destination des familles qui craignent le basculement, voire le départ, d'un proche.
Des structures d'accueil ont aussi été créées au niveau des préfectures pour accueillir les parents désarmés et une "équipe mobile d'intervention", qui interviendra sur demande locale des préfets, a été lancée "pour traiter les situations individuelles les plus difficiles", a dit Bernard Cazeneuve.
Près de 1.900 "signalements pertinents" ont été recensés via la plate-forme téléphonique qui a, selon le ministre, atteint sa "pleine maturité opérationnelle".
Pour gérer le retour des jeunes de retour de zones de djihad qui ne seraient pas suivis judiciairement, Manuel Valls a par ailleurs annoncé fin avril la création, d'ici à la fin de l'année, d'une "structure" de prise en charge volontaire.
Selon la commissaire européenne à la Justice, près de 6.000 Européens sont actuellement en Syrie. Ils pourraient être 10.000 d'ici la fin de l'année.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)