Disneyland Paris, numéro un européen des parcs d'attraction, s'est offert pour ses 20 ans un nouveau record de fréquentation, accueillant 16 millions de visiteurs en 2012, mais les comptes de l'exploitant Euro Disney publiés jeudi restent dans le rouge, avec une perte nette alourdie.
Le royaume de Mickey et de Cendrillon, qui a soufflé 20 bougies en avril et est la première destination touristique européenne, a attiré 400.000 personnes de plus que les 15,6 millions de 2011 (exercices décalés du 30 septembre au 1er octobre).
"L'équivalent d'une ville de la taille de Lyon", s'est félicité le directeur financier d'Euro Disney, Mark Stead.
Euro Disney y voit le succès malgré "un contexte économique difficile" de son programme "20e anniversaire". Il en veut pour preuve que la fréquentation a "rapidement augmenté" dès le lancement de cet anniversaire, pour lequel des attractions nouvelles et des rénovations d'envergure ont été conçues dans les deux parcs à thème et les hôtels.
"On a travaillé à offrir une expérience unique aux visiteurs", a expliqué le président d'Euro Disney, Philippe Gas.
Bilan: +2% de visiteurs dans les parcs en avril-juin, puis +9% sur l'été (juillet-septembre), des dépenses en hausse sur l'année dans les boutiques, les restaurants et les hôtels, des promotions qui ont séduit, et au final un chiffre d'affaires en hausse de 2,3% à 1,324 milliard d'euros.
"effet 20e anniversaire"
Euro Disney veut croire que "l'effet 20e anniversaire" va se prolonger en 2013. Premier signe positif pour l'exercice 2012/2013 entamé le 1er octobre: en réservations de nuitées hôtelières, "92% de l'objectif" du trimestre octobre-décembre est déjà atteint, a dit M. Gas.
Une grosse ombre au tableau persiste toutefois, puisque la perte nette s'est encore alourdie, de 54% à 85,6 millions d'euros.
Mais Euro Disney relativise: elle est due à des transactions immobilières minimes et, surtout, aux coûts exceptionnels du refinancement de la dette du groupe, auquel la maison mère américaine Walt Disney a accordé un prêt de 1,3 milliard d'euros en septembre.
Cette dette colossale est désormais ramenée à 1,71 milliard d'euros et payable à un taux d'intérêts de 4%, au lieu des 5,2% qu'appliquaient les banques. Le nouveau dispositif a fait fondre la trésorerie cette année mais induit une baisse des charges d'intérêts pour la suite. Et Euro Disney table sur un impact positif de plus de 50 millions d'euros sur cinq ans dans ses comptes, dont 17 millions dès 2013.
"On repart sur une base extrêmement saine et solide", a estimé M. Gas.
"Euro Disney n'est pas une entreprise en difficulté", a dit Mark Stead à l'AFP.
Le dernier bénéfice net remonte certes à 2008 (13 des 21 exercices du groupe ont été déficitaires), mais Euro Disney se dit confiant pour l'avenir.
Grâce à "l'attractivité du produit Disney", le groupe souhaite "atteindre une rentabilité durable dans les années à venir".
Il continuera d'investir massivement -- 150 millions en 2012, autant l'an prochain, soit un demi-milliard déjà depuis le début de la crise, a dit M. Gas, qui a annoncé pour mi-2014 "une nouvelle attraction de grosse capacité" sur le thème de Ratatouille.
En 2012, les deux parcs de Disneyland Paris ont gagné des clients français (8,2 millions soit 52% du public, contre 49% l'an dernier), clientèle de proximité. Mais crise oblige, ils ont perdu des visiteurs espagnols et italiens, ainsi que néerlandais.
Les Britanniques, "qui sont bien revenus", restent le deuxième marché (13%, plus de 2 millions de visiteurs), devant les Espagnols (9%) et les Belges (6%), tandis que "les clientèles BRICS (Brésil, Russie...) commencent à monter en puissance".
Disneyland Paris a attiré depuis 1992 plus de 265 millions de visiteurs. La "famille Disney typique" reste un couple de cadres à "hauts ou moyens revenus", avec des enfants de 6 à 9 ans, habitués à consommer du produit Disney.