Le ministre français de l'Industrie, Christian Estrosi, va demander aux responsables d'Alcatel-Lucent des explications sur leur projet de supprimer 850 postes en France, tout en externalisant des postes "à l'étranger", et rencontrer les salariés du groupe, a-t-il annoncé vendredi.
"Je suis aussi le ministre des ouvriers, c'est pourquoi je vais demander aujourd'hui aux responsables d'Alcatel de m'expliquer pourquoi on veut externaliser", a-t-il déclaré sur la radio RTL.
"Je suis un peu intrigué, un peu surpris (par ces annonces). Je ne comprends pas que l'on puisse dire (que l'on veut externaliser et supprimer des postes) alors qu'il y a des savoir-faire chez ces salariés", a expliqué le ministre.
"Je ne comprendrais pas pourquoi on enlèverait des emplois en France dont la plus-value, la valeur ajoutée et le savoir-faire sont ceux de nos chercheurs, de nos ingénieurs, de nos techniciens, de nos ouvriers, pour les confier à d'autres centres et laboratoires à l'étranger, dans un domaine comme celui des télécommunications où la France doit rester un leader mondial", a-t-il ajouté.
Selon lui, la France a beaucoup misé sur le groupe Alcatel-Lucent en matière de recherche et développement, "en le prenant dans des pôles de compétitivité, en mettant du crédit-impôt recherche". "Et donc aujourd'hui, j'aurai une conversation avec les responsables d'Alcatel-Lucent", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, "je prendrai contact avec les salariés, (...) que ce soit en me rendant sur un site comme celui de Vélizy lundi prochain, ou en les recevant à mon ministère (...) Car je veux qu'ils sachent que je veux être à leur écoute et leur dire que je suis aussi à leurs côtés", a expliqué M. Estrosi.
Alcatel-Lucent, qui compte près de 11.000 salariés en France, a présenté jeudi aux représentants du personnel un projet de réduction d'environ 850 postes sur deux ans, accompagné d'"un plan de sauvegarde de l'emploi principalement sur la base du volontariat".
D'après les syndicats, au moins 150 postes dans la recherche doivent en outre être externalisés. Une information confirmée par la direction, qui a toutefois indiqué que ce n'était encore qu'un "projet".
Elle n'a pas souhaité préciser si ces postes seraient transférés en France ou à l'étranger.
Dans un entretien au Figaro, le président du groupe Philippe Camus a assuré qu'Alcatel-Lucent restait attaché à la France, qui est "importante car nous avons un savoir-faire" dans ce pays, "héritage de l'ambition des pouvoirs publics et des entreprises du secteur des télécoms".
Ce plan social fait partie d'un "vaste programme de transformation mondiale de l'entreprise pour donner un nouvel élan au groupe afin qu'il conforte sa place de leader dans les technologies de pointe et devienne plus compétitif par rapport à ses concurrents", explique-t-il.