Air India, en pleine turbulence financière, affronte depuis samedi une grève des pilotes mécontents des réductions salariales, obligeant la compagnie aérienne nationale à annuler des vols et suspendre les réservations juqu'à nouvel ordre.
Au quatrième jour d'une grève de pilotes confirmés protestant contre le non-versement de primes de rendement, la compagnie a annoncé mardi l'annulation de près de la moitié de ses vols internationaux (9 sur 21), tandis que 37 vols intérieurs sur 177 ont dû être supprimés.
Mardi, 180 pilotes "seniors" sur 319 s'étaient mis en congé maladie, selon un porte-parole d'Air India, Jitender Bhargava. "Nous avons arrêté provisoirement les réservations jusqu'à nouvel ordre dans le but d'éviter aux passagers le désagrément des annulations", a-t-il commenté.
Interrogé par l'AFP, ce porte-parole a déclaré que les réservations étaient suspendues au moins jusqu'à la mi-octobre.
Dans un communiqué publié lundi soir, la direction a reconnu que les négociations avec les pilotes non syndiqués, considérés comme appartenant à la compagnie nationale, étaient dans l'impasse.
Air India a estimé que le refus des pilotes de se soumettre à des réductions de primes de rendement était "inacceptable", indiquant cependant que "toutes les options restaient ouvertes".
Le président de la compagnie Arvind Jadhav a pour sa part appelé les pilotes en arrêt maladie à "une reprise rapide du travail et à un retour à la normale du trafic pour le bien des passagers".
La compagnie, qui a essuyé une perte nette de 800 millions de dollars en 2008-09 avec une dette de quatre milliards, a expliqué que des réductions de coûts étaient nécessaires si elle voulait continuer à voler.
La semaine dernière, la direction a annoncé une réduction de 25 à 50% des primes de rendement pour plus de 7.000 employés, y compris les cadres dirigeants. Face à la concurrence accrue des compagnies privées, la part de marché d'Air India ne pèse plus que 16%.
Le ministre de l'Aviation civile, Praful Patel, a déclaré en août que la compagnie avait besoin de 620 millions de dollars de liquidités pour poursuivre ses activités. Selon la presse indienne, le renflouement global du gouvernement serait de l'ordre de 1 milliard de dollars sur trois ans.
La compagnie, née de la fusion en 2008 entre Air India (lignes internationales) et Indian (lignes intérieures), a récemment publié une annonce dans les plus grands journaux pour recruter un directeur général chargé d'assainir sa situation financière.
Il y a deux semaines, plus de 430 pilotes de la compagnie indienne Jet Airways s'étaient également fait porter pâles après le licenciement de deux pilotes confirmés de la compagnie pour avoir créé un nouveau syndicat.
Le transport aérien indien est dans la tourmente depuis un an avec de nombreuses compagnies criblées de dettes alors que le trafic passagers s'effondre en raison de la crise économique mondiale, soulignait en juin un rapport du cabinet de conseil australien Centre pour le transport aérien en Asie Pacifique.
Au cours de l'année 2007-2008 (achevée fin mars 2008), les compagnies indiennes avaient pâti de l'envolée des prix du pétrole et leurs pertes annuelles cumulées s'élevaient déjà à 938 millions de dollars. Ces pertes culminent à 1,75 milliard pour 2008-2009.