La France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal ont écrit à la Commission européenne pour lui demander davantage de souplesse dans son examen de la situation budgétaire des pays de la zone euro et des perspectives de croissance.
"Nous attirons l'attention sur la nature inhabituelle de la conjoncture actuelle avec un héritage de la crise qui reste visible", affirme la lettre adressée au vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis et au commissaire Pierre Moscovici par les ministres des Finances des quatre pays, le Français Michel Sapin, l'Italien Pier Carlos Padoan, l'Espagnol Luis De Guindos et le Portugais Mario Centeno.
"Il apparaît nécessaire de prendre en compte les conditions économiques provenant d'une période prolongée de basse inflation, de faible croissance et de fort chômage, afin d'instaurer des changements significatifs dans la méthodologie commune sur les estimations de croissance potentielle (...), ainsi que sur les règles budgétaires", ont-il affirmé, dans une missive dont l'AFP s'est procuré une copie.
A Bruxelles, un porte-parole a confirmé avoir reçu la lettre: "Nous sommes en train d'évaluer les arguments et nous allons y répondre", a-t-il affirmé, rappelant toutefois que Bruxelles "applique les règles qui ont été acceptées en commun par les pays membres".
La Commission européenne doit présenter ses prévisions économiques de printemps le 11 mai sur les pays de l'UE et le 17, elle enchaînera avec ses recommandations par pays.
La France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal ont eu ces dernières années mailles à partir avec l'exécutif européen, chargé de surveiller les trajectoires budgétaires et économiques des pays.
Selon les règles européennes, les déficits publics ne doivent pas dépasser les 3% du produit intérieur brut (PIB) et la dette publique doit être inférieure à 60% du PIB.
La France, selon les dernières prévisions de la Commission publiées en février, arriverait tout juste à respecter ses engagements cette année avec un déficit public à 2,9%, après avoir enfreint pendant des années les règles, mais remonterait à 3,1% l'an prochain.
Pour l'Espagne et le Portugal, qui avaient esquivé de justesse une amende pour dérapage de leurs comptes l'an passé, l'exécutif européen prévoyait en février un déficit public de 3,5% du PIB en 2017 et de 2,9% en 2018 pour la première et de 2% cette année et 2,2% en 2018 pour le Portugal.
Quant à l'Italie, c'est sa dette publique, la deuxième plus élevée après celle de la Grèce, qui préoccupe la Commission (elle l'attend à 133,3% du PIB en 2017 et 133,2% en 2018). Mais la réduire implique une exemplarité budgétaire.