Les cancers d'origine professionnelle autre que ceux liés à l'amiante ont augmenté de 10% l'an dernier et, dans 45% des cas, il s'agit de cancers de la vessie, selon le bilan annuel de l'Assurance Maladie présenté jeudi.
Ce bilan 2014 fait état d'une grande majorité de cancers d'origine professionnelle dus à l'amiante (81%), qui représentent 7% des maladies professionnelles et sont cependant en diminution de 3,7%.
En revanche, "les autres types de cancers augmentent de 10,33%. Il s'agit, dans 45% des cas, de cancers de la vessie et, dans 25% des cas, de cancers liés aux poussières de bois", comme des cancers de la face, identifiés comme des "risques émergents" contre lesquels l'Assurance Maladie entend agir à travers ses programmes de prévention.
Dans les cancers de la vessie, sont notamment incriminés "les amines aromatiques et hydrocarbures aromatiques polycycliques qu'on retrouve dans les teintures et colorants, mais aussi dans les synthèses de médicaments ou de pesticides et dans l'industrie plastique et du caoutchouc", a précisé à l'AFP Marine Jeantet, directrice des risques professionnels.
Pour ces cancers, une action d'identification des malades a été menée de 2008 à 2014 dans six régions (Normandie, Nord-Picardie, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Nord-Est, Sud-Est), "où les demandes de reconnaissance ont été multipliées de 5 à 10 et l'origine professionnelle reconnue à 60%", selon Mme Jeantet.
"L'identification du lien professionnel est d'autant plus difficile que cette maladie survient longtemps après l'exposition à un agent cancérogène: 10, 20 voire 40 ans après, donc généralement après cessation de l'activité professionnelle", souligne le rapport annuel.
Alors que les troubles musculo-squelettiques représentent encore 87% des maladies professionnelles, le nombre de maladies psychiques liées au travail augmente (315 cas reconnus contre 223 en 2013), mais "principalement en raison de l'évolution de la réglementation", qui permet depuis fin 2012, de déposer plus facilement sa demande, selon Mme Jeantet.
Interrogée sur le "burn-out" ou syndrome d'épuisement professionnel, Mme Jeantet a souligné qu'il s'agissait d'un syndrome "multifactoriel" qui n'entre dans aucun tableau de classification de maladies professionnelles, comme les maladies psychiques en général, "toujours examinées au cas par cas".
Le bilan fait par ailleurs état d'un "palier historique" concernant les accidents du travail avec "un des chiffres les plus bas depuis 10 ans: 34 accidents par an pour 1.000 salariés", selon Mme Jeantet.
Selon Pascal Jacquetin, responsable de la mission statistique, ce chiffre s'explique par des facteurs conjoncturel (moins d'activité, moins d'accidents) et structurel (de plus en plus d'entreprises mettent en place des mesures d'accompagnement et de prévention).
Le BTP reste le secteur le plus touché (manutention dont un quart de chutes) mais les services sont aussi affectés comme "les aides et soins à la personne" (aide à domicile et hébergement médico-social) avec une hausse de 6% de son indice de fréquence des accidents du travail.
Concernant les accidents de trajet, le bilan relève "une nette diminution de leur fréquence" (- 7%) avec des disparités régionales significatives. "Cette évolution est principalement liée à la politique de la sécurité routière et aux conditions climatiques plus favorables", souligne le rapport.
Mme Jeantet s'est félicitée du bilan financier "excédentaire" de la branche AT-MP: "600 millions d'euros en 2015 qui devraient permettre" notamment "de baisser les taux de cotisations des entreprises votés en 2016, de 0,05 point (à 2,38)".
Les prestations versées par l'Assurance Maladie au titre des accidents du travail et maladies professionnelles en 2014 se sont élevées à 8,5 milliards d'euros, dont 2,2 mds pour les maladies professionnelles.