Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi qu'il "prendra le contrôle" de Bankia, la quatrième banque cotée du pays qui croule sous les actifs immobiliers risqués, avant de dévoiler vendredi une nouvelle réforme du secteur face au regain de tension sur les marchés.
L'opération consiste à transformer en participation la dette de 4,465 milliards d'euros contractée en décembre 2010 envers l'Etat par le premier actionnaire de Bankia, Banco Financiero y de Ahorros (BFA), a indiqué le ministère de l'Economie dans un communiqué.
Ces liquidités avaient été injectées par le fonds d'aide publique au secteur financier (Frob) à travers des prêts à 7,75%, remboursables en cinq ans.
Après l'opération, "le Frob détiendra indirectement 45% du capital de Bankia, c'est à dire qu'il en prendra le contrôle", a précisé le ministère.
Ce dernier a voulu rassurer actionnaires et usagers de la plus grande union de caisses d'épargne espagnoles, affirmant que personne "ne sera lesé par cette décision".
Dès lundi, le ministère de l'Economie avait indiqué que des fonds publics seraient injectés dans Bankia cette semaine afin de l'assainir de ses actifs immobiliers risqués.
Une annonce qui avait provoqué, quelques heures plus tard, la démission du président de Bankia, Rodrigo Rato, ancien ministre de l'Economie et ex-directeur général du FMI. Son remplaçant, José Ignacio Goirigolzarri, ancien directeur général de BBVA, deuxième banque du pays, a été nommé dès mercredi.
Le même jour, le Conseil d'administration de BFA "a sollicité la conversion" en "actions ordinaires" du prêt du Frob auprès de la Banque d'Espagne, a indiqué cette dernière dans un communiqué.
"La nouvelle direction devra présenter dans un délai le plus bref possible un plan renforcé d'assainissement qui situera BFA-Bankia en condition d'affronter son avenir avec une garantie totale" de solvabilité, affirme la Banque d'Espagne.
Bankia est la grande banque espagnole la plus exposée au secteur immobilier: 37,5 milliards d'euros fin 2011, dont 31,8 milliards considérés comme problématiques, car à la valeur incertaine (crédits risquant de ne pas être remboursés, immeubles saisis...).
L'injection de fonds par le gouvernement constituera la huitième intervention publique dans un établissement bancaire en Espagne, depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, qui a fortement fragilisé ce secteur.
Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy a indiqué lundi qu'il n'hésiterait pas à apporter de nouveaux fonds publics si nécessaire, mais "seulement en dernier recours".
Madrid, qui a déjà prêté au secteur bancaire plus de 15 milliards d'euros, refusait jusque-là de remettre la main à la poche, mais a dû s'y résoudre devant les tensions croissantes sur les marchés.
La nationalisation partielle de Bankia survient ainsi au terme d'une nouvelle journée noire pour la Bourse de Madrid, qui a chuté de 2,77% à 6.812,7 points, son plus bas niveau depuis 2003.
Le regain de tension que connaît l'Espagne s'est traduit mercredi matin par une remontée de son taux d'emprunt à 10 ans au-dessus des 6%, pour la première fois depuis la mi-avril.
Des inquiétudes nourries par les doutes des investisseurs sur la valeur des actifs immobiliers accumulés par les banques pendant la bulle.
Pour tenter de les rassurer, le gouvernement approuvera vendredi une nouvelle réforme afin de séparer la partie immobilière des bilans des banques et leur imposera de nouvelles provisions pour se protéger de leur exposition au secteur immobilier sinistré.
"Il y aura de nouvelles provisions", a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère de l'Economie.
Selon le quotidien économique Cinco Dias, celles-ci devraient atteindre environ 35 milliards d'euros.
Ce chiffre d'ajouterait aux 53,8 milliards déjà imposés au secteur depuis une précédente réforme annoncée en février.