Les salariés de la Banque de France étaient appelés par cinq syndicats à cesser le travail vendredi pour protester notamment contre un projet de réforme des carrières pour les non-cadres, la CGT prévoyant une forte mobilisation.
A la mi-journée, la direction a fait état de 25% de grévistes. La CGT anticipait de son côté un taux "de l'ordre de 70% à 75%".
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, "veut réduire très fortement le déroulement de nos carrières, ce qui va générer une perte de pouvoir d'achat tout au long de la vie professionnelle et au moment de la retraite", selon les organisations CFDT, CFTC, CGT, FO et SNABF-Solidaires.
Les agents s'opposent à l'allongement "invraisemblable" des passages de grade, d'autant que certains ne pourront plus atteindre le dernier indice, explique à l'AFP Fabienne Rouchy, secrétaire générale de la CGT Banque de France.
Pour la direction, il s'agit de "faire coïncider la durée de la vie professionnelle avec la durée des carrières", explique une porte-parole. "En contrepartie, la promotion interne sera favorisée notamment via les formations diplômantes et la Banque de France travaille à la création d'une université ouverte à tous les agents", ajoute-t-elle.
La CGT relève elle "l'impact" négatif de la réforme sur les pensions de retraite, fondées sur un régime spécial par capitalisation. "Plus la carrière est dégradée, plus la pension de retraite va l'être aussi", analyse Mme Rouchy.
Les syndicats s'opposent en outre à la suppression des commissions nationales paritaires d'avancement. Si le projet passe, "l'avancement des agents sera à la main des directions régionales" et donc soumis à "l'arbitraire" de l'encadrement local, développe la représentante CGT.
La mobilisation est portée par d'autres revendications. Parmi elles, la dénonciation du plan stratégique "Ambitions 2020" qui prévoit de supprimer plus de 2.400 postes d'ici fin 2020 par le biais de départs naturels. L'institution compte 12.000 salariés.
En début d'après-midi, près de 200 personnes se sont rassemblées au siège de la Banque de France, à Paris, pour réclamer entre autres le "retrait" de la réforme des carrières, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Le mécontentement est énorme" car "en permanence il y a des mouvements restrictifs" au sein de la banque, a dénoncé un délégué CFTC au micro. La situation actuelle c'est "plus de travail, moins de personnel", a dit un autre.
Les réformes se suivent mais "la différence avec le nouveau gouverneur", arrivé il y a un an, "c'est que lui affiche son mépris vis-à-vis des agents", a commenté un agent ayant requis l'anonymat.