La justice a rejeté vendredi les demandes de placement en redressement judiciaire de deux holdings luxembourgeoises du groupe bancaire portugais Espirito Santo, ce qui de facto devrait déboucher sur leur mise en faillite.
"Le tribunal d’arrondissement de Luxembourg (...) a rejeté les requêtes de mise sous gestion contrôlée formées par Espirito Santo Financial Group (ESFG) et par Espirito Santo Financière (ESFIL)", ont indiqué dans un communiqué les autorités du Grand-Duché.
La prochaine étape devrait être une mise en liquidation judiciaire des deux holdings.
La justice luxembourgeoise a pris sa décision "en raison notamment du plan de sauvetage que la Banque du Portugal a appliqué à Banco Espirito Santo (BES), qui a conduit à la création de Novo Banco", a estimé ESFG dans un communiqué.
ESFG est le premier actionnaire de BES, transformée en structure de défaisance chargée de liquider des actifs toxiques, notamment les titres de dettes du reste du groupe. L'autre holding, Espirito Santo Financière (ESFIL), est détenue à 100% par ESFG.
Le 3 août, les autorités portugaises avaient décidé en catastrophe de scinder en deux BES, après une série de déboires financiers. Une structure de transition bénéficiant d'une injection de capital de 4,9 milliards d'euros a été créée, Novo Banco, qui rassemble les actifs sains de la banque.
"Il y avait peu d’espoir que le tribunal de commerce accorde le bénéfice de la gestion contrôlée à ESFG, après le dépeçage de BES opéré par la Banque du Portugal", avait indiqué jeudi à l’AFP une source proche du dossier.
La gestion contrôlée est un régime spécifique correspondant à un redressement judiciaire. Elle aurait permis aux holdings de bénéficier d'un régime de sursis pour le paiement de dettes. Les deux entités avaient demandé fin juillet à être placées sous ce régime.
Selon ESFG, le refus du placement en gestion contrôlée s'explique aussi par la vente de la branche assurance du groupe, Tranquilidade, par Novo Banco au fonds américain Apollo, officialisée le 15 septembre.
ESFG, ancien propriétaire de l'assureur, s'était engagé à verser 700 millions d'euros à Banco Espirito Santo pour rembourser des titres de dettes du groupe détenus par les clients particuliers de la banque, mais avait échoué à verser cette somme. Cette créance, gagée sur les actions de Tranquilidade, avait été transférée le 3 août à Novo Banco.
Deux autres entités luxembourgeoises du groupe Espirito Santo, Rioforte et Espirito Santo International (ESI), ont également demandé le régime de gestion contrôlée au Luxembourg. Des décisions sont attendues dans les jours qui viennent.