Dubaï compte sur l'Exposition universelle de 2020 pour revigorer son économie, quelques années après avoir frôlé la faillite avec l'éclatement de sa bulle immobilière dans le sillage de la crise financière internationale.
La cité-Etat, ville pivot entre trois continents, a été désignée mercredi pour organiser l'Exposition universelle 2020, par les délégués du Bureau international des Expositions, réunis à Paris.
Dubaï a été choisie avec 116 voix au troisième tour face à la ville russe de Ekaterinbourg, qui n'a remporté que 47 voix. Les deux autres villes en lice, Sao Paulo (Brésil) et Izmir (Turquie), avaient été éliminées lors des deux premiers tours de scrutin.
Le gouvernement de Dubai estime à quelque 25 milliards de dirhams (6,8 milliards de dollars) les investissements qui seront consacrés à l'exposition universelle, et la ville table sur un retour d'investissement de 140 milliards de dirhams (38 milliards de dollars).
Dubaï espère attirer 25 millions de visiteurs pendant les six mois de l'exposition et créer 277.000 emplois.
Le site choisi s'étend sur 438 hectares situés entre les aéroports de Dubaï et d'Abou Dhabi, la capitale des Emirats.
"Le succès de la candidature de Dubaï devrait agir comme un catalyseur à l'investissement et à la croissance économique", a souligné Monica Malik, chef économiste à la banque d'investissement EFG Hermes Emirates.
Même si le gros des investissements futurs est déjà prévu dans le plan de développement de la ville appelé "Vision 2020", le choix de Dubaï pour l'exposition "va renforcer la confiance de l'émirat et accélérer la réalisation de ses projets", ajoute Mme Malik.
La cité-Etat a lourdement investi pour devenir en quelques décennies un centre de commerce, de services, de tourisme, de transport aérien et de la finance.
Selon Mme Malik, l'Exposition universelle, va renforcer l'ensemble de ces secteurs sur lesquels Dubaï a bâti son succès.
La croissance économique devrait maintenant atteindre, selon elle, entre 5,5% et 6% en 2014, contre 4,6% au cours du premier semestre de 2013.
Barclays Bank va plus loin en tablant désormais sur une croissance de 6,4% sur les trois prochaines années et un taux annuel à deux chiffres (10,5%) dans la période qui suivra et jusqu'à 2020.
La Deutsche Bank estime que Dubaï a besoin d'investir 43 milliards de dollars pour mettre à jour ses infrastructures, notamment ses hôtels et son industrie des loisirs. Sur ce montant, 10 milliards de dollars devraient aller au secteur des transports.
Eviter une nouvelle bulle immobilière
Cette vague d'optimisme intervient alors que l'économie de Dubaï se reprend des effets de la crise financière qui avait provoqué en 2009 un éclatement de sa bulle immobilière entraînant une rétraction de 2,4%.
L'émirat a fait trembler les places financières internationales lorsqu'il avait annoncé en novembre 2006 son incapacité de régler une dette de 26 milliards de dollars de l'un de ses conglomérats Dubai World.
Ce conglomérat est parvenu à rééchelonner sa dette mais la dette totale de Dubaï, estimée à 103 milliards de dollars, continue de peser sur les finances publiques, selon la Barclays Bank.
L'économie de Dubaï, qui ne dépend pas du pétrole contrairement à ses voisins, n'a cessé de se relever avec des taux de croissance de 2,8% en 2010, de 3,7% en 2011 et de 4,4% en 2012.
Le secteur immobilier qui a perdu plus de la moitié de sa valeur après la crise connaît depuis un an des signes de vigueur et une hausse des loyers.
Les prix ont gagné environ 50% depuis le dernier trimestre de 2011 mais restent inférieurs de 45% à ceux de 2008.
La campagne de Dubaï pour obtenir l'organisation de l'exposition a agi comme un facteur de la hausse des prix de l'immobilier, les propriétaires anticipant sur une forte demande.
Le tendance haussière s'explique également par le flux d'investisseurs arabes fuyant les troubles du Printemps arabe.
Mais pour éviter une nouvelle bulle, les autorités ont pris des mesures comme des taxes sur l'enregistrement des propriétés.