Les créanciers "devraient renoncer à la quasi-totalité de leurs remboursements" en cas de sortie de la Grèce de l'euro, et sous-estiment le "risque géopolitique" d'un tel "Grexit", a averti vendredi l'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet.
Un "Grexit" coûterait très cher à l'Europe, a jugé M. Trichet dans les colonnes du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Non seulement pour les Grecs, forcés de vivre "un bouleversement terrible et douloureux", mais aussi pour les créanciers qui "devraient renoncer à la quasi-totalité de leurs remboursements", a-t-il prévenu.
Néanmoins, "une réduction de la dette (grecque) de la part des Européens est exclue" dans les négociations avec Athènes, a-t-il observé.
Ses déclarations interviennent alors que le gouvernement grec a soumis une ultime liste de réformes à Bruxelles, et que l'Allemagne semble lâcher un peu de lest, en continuant d'exclure toute réduction de la dette grecque mais en entrebaillant la porte à un "rééchelonnement".
"Le risque d'une contagion géopolitique en Europe est sous-estimé, notamment en Allemagne", a ajouté M. Trichet.
L'ancien patron de la BCE a estimé que "l'Europe (avait) une responsabilité historique d'ancrer les pays de l'ancien bloc communiste".
En cas de sortie d'Athènes de la zone euro, l'on doit avoir à l'esprit "la proximité culturelle des Grecs avec l’Ukraine et la Russie grâce au lien de la religion orthodoxe", a-t-il précisé.
Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a affiché ses relations chaleureuses avec le président Vladimir Poutine, notamment lors de moments critiques des négociations entre Athènes et ses créanciers. Moscou a toutefois toujours précisé que la Grèce ne lui avait pas réclamé d'aide financière.