La Chine sera capable d'atteindre son objectif de croissance pour 2017 en dépit de l'essoufflement de la conjoncture, a martelé mardi son Premier ministre, Li Keqiang, assurant que les fragilités du système financier demeurent "sous contrôle".
A l'heure où les autorités resserrent le crédit pour endiguer la fièvre du secteur immobilier et un endettement galopant, les marchés guettent les signaux de ralentissement de la deuxième économie mondiale, inquiets d'une possible crise financière.
Des préoccupations que Li Keqiang s'est employé à apaiser mardi lors de l'édition chinoise du Forum économique mondial, dans la métropole portuaire de Dalian (nord-est).
"Nous avons les moyens d'écarter les dangers en tous genres et de nous assurer que l'économie continuera de se développer dans une fourchette raisonnable", a-t-il lancé.
Le pays sera capable d'atteindre la croissance "d'environ 6,5%" que le gouvernement vise pour 2017, a affirmé le Premier ministre. Le géant asiatique avait vu sa croissance tomber à 6,7% en 2016, au plus bas depuis 26 ans, avant un sursaut à 6,9% au premier trimestre 2017.
Le régime communiste s'efforce de rééquilibrer le modèle de croissance chinois vers les services, les nouvelles technologies et la consommation intérieure, au détriment des industries lourdes et des exportations à faible valeur ajoutée.
"La demande intérieure est devenue un pilier économique majeur", s'est félicité M. Li, pointant une progression "robuste" d'indicateurs tels que la génération et la consommation d'électricité et les commandes des entreprises.
"Les fluctuations des indicateurs économiques à court terme sont inévitables mais la tendance à long terme ne variera pas", a-t-il ajouté.
De fait, dans l'immédiat, la transition s'avère douloureuse: des mastodontes étatiques déficitaires et surendettés continuent d'alimenter une sévère surproduction dans certains pans de l'industrie (notamment la sidérurgie), tandis que l'essor du secteur immobilier repose largement sur le crédit et une bulle spéculative déstabilisatrice.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait d'ailleurs accusé en avril Pékin de soutenir artificiellement sa croissance en laissant filer la dette de ses entreprises, au risque de laisser gonfler une bulle financière qui menacerait le reste du monde.
Li Keqiang a par ailleurs défendu la "politique d'ouverture" de la Chine, assurant que l'accès des firmes étrangères aux secteurs des services et de la production manufacturière serait "facilité".
Une promesse régulière des autorités, mais qui peine à convaincre les intéressés: la moitié des entreprises européennes jugent que le climat des affaires s'est dégradé depuis un an, selon un sondage publié fin mai par la Chambre de commerce de l'Union européenne à Pékin et 54% s'estiment lésées par rapport à leurs concurrents locaux.