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Le calvaire des Vénézuéliens pauvres pour que leurs défunts reposent en paix

Publié le 13/10/2018 06:55
Mis à jour le 13/10/2018 09:15
Des proches d'Ender Bracho ont creusé une tombe dans le jardin de sa maison pour l'enterrer, à Maracaibo, au Venezuela, le 26 septembre 2018 (Photo GERARD TORRES. AFP)

Des proches d'Ender Bracho ont creusé une tombe dans le jardin de sa maison pour l'enterrer, à Maracaibo, au Venezuela, le 26 septembre 2018 (Photo GERARD TORRES. AFP)

Des proches d'Ender Bracho ont creusé une tombe dans le jardin de sa maison pour l'enterrer, à Maracaibo, au Venezuela, le 26 septembre 2018 (Photo GERARD TORRES. AFP)

L'odeur nauséabonde s'était répandue dans tout le quartier. Pendant trois jours, le cadavre de Wenceslao gisait sur son lit parce que sa famille n'avait pas d'argent pour l'enterrer. Pour les Vénézuéliens les plus pauvres, inhumer leurs proches est devenu un calvaire.

De telles histoires ne sont plus rares au Venezuela, révélant la réalité tragique de ceux qui, gravement touchés par la crise économique, ne peuvent même plus honorer dignement leurs morts.

L'agonie de Wenceslao Alvarez, 78 ans, s'est achevée le 4 octobre dans un quartier pauvre de la ville pétrolière de Maracaibo (ouest), dans l'État de Zulia. Sa fille Lisandra a bien tenté de demander de l'aide pour l'enterrer. Mais rien n'est venu.

Elle a dû assister à la décomposition de son père, qu'une embolie avait laissé handicapé il y a un an. Atteint de la varicelle, il n'a pas pu être soigné pendant cinq mois à cause des pénuries de médicaments.

"Le corps était en état de décomposition, la maison sentait très fort, je ne savais pas comment la nettoyer", raconte à l'AFP cette blanchisseuse de 43 ans.

Trois jours plus tard, une municipalité voisine lui a fourni un cercueil. La puanteur émanant du lit ensanglanté s'étendait jusque de l'autre côté de la rue.

"Nous avons mis trois sacs de chaux à l'intérieur et un sur le dessus pour contenir l'odeur", explique Lisandra à qui rien n'a été épargné. Il y a un an, elle a dû vendre son réfrigérateur pour enterrer sa mère ; en 2014, son fils policier a été abattu.

Après avoir demandé en vain l'aide des autorités, la famille d'Ender Bracho, qui habite également à Maracaibo, a fini par creuser un trou pour l'enterrer dans la cour de la maison.

Cela faisait 24 heures que le trentenaire était mort d'une septicémie déclenchée, selon ses proches, faute d'antibiotiques. Avant de mourir, ce maçon de 39 ans, les côtes saillantes et le visage creusé, ressemblait à un cadavre.

"Où est donc le gouvernement pour aider les pauvres ? Il est en train de nous détruire ! Regardez dans quel état est le pays, on ne peut rien faire !", enrage Milagros, la nièce du défunt.

Enveloppé dans un manteau, l'homme a passé quelques heures dans la fosse creusée dans la cour. Sa mère, Gladys, venait d'y jeter un peu de terre lorsque les autorités lui ont finalement fourni un cercueil. Les voisins craignaient une épidémie et s'étaient plaints.

- Du formol au jour le jour -

A l'origine de tous ces drames, la crise économique qui frappe de plein fouet le Venezuela, avec des pénuries de produits de base et une inflation qui devrait atteindre 1.350.000% cette année, selon le FMI.

"Environ 90% des gens qui viennent me voir cherchent la solution la plus économique. Quand ils arrivent, ils ont déjà dépensé tout leur argent pour les soins", explique à l'AFP Luis Mora, propriétaire d'une entreprise funéraire.

Une inhumation coûte entre 8.000 et 25.000 bolivars (130 à 400 dollars), alors que le salaire minimum ne dépasse pas 29 dollars. Cela ne comprend ni la pierre tombale, ni la crémation.

Les entreprises funéraires cherchent aussi à réduire leurs coûts : elles n'achètent plus le formol pour plusieurs mois, mais "au jour le jour", raconte Luis Mora.

Parfois, les situations sont encore plus extrêmes.

En février, le cadavre de Francisco Rollos, un vendeur ambulant, a été déposé devant la mairie de Turen (nord-ouest) pour que cette dernière prenne en charge la sépulture. En août, des images ont circulé montrant un défunt transporté dans un sac jusqu'à une église à Rubio (ouest).

Dans les zones gangrenées par la violence, "il y a beaucoup de morts, la police tue les gens comme des chiens", raconte un habitant du quartier de la famille Bracho. "Il n'y a pas moyen de les enterrer, parfois cela dure 48 heures", déplore-t-il.

Pour Wenceslao, la municipalité n'a pas fourni de voiture funéraire. Un voisin a transporté le cercueil jusqu'au cimetière dans sa camionnette. Il y avait aussi du ciment et des briques pour la tombe. Douze plaques de ciment auraient été nécessaires, il n'y en avait que deux.

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