FRANCFORT (Reuters) - Les banques centrales risque d'éprouver plus de difficultés à maîtriser l'inflation en raison d'une corrélation entre prix et croissance devenue ténue, a déclaré vendredi le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE).
Des études récentes montrent également que les fluctuations des taux de change ont peut-être moins d'impact sur les prix que par le passé, suggérant que le récent renchérissement de l'euro pourrait constituer un frein à la hausse des prix plus modeste que ce que l'on anticipe aujourd'hui, a déclaré Vitorio Constancio lors d'une intervention à Zurich.
Au vu de la reprise solide que connaissent les grandes économies, les membres de l'institut de Francfort ont été décontenancés par la très modeste hausse des salaires, qui a contenu l'inflation et contraint les banques centrales à maintenir plus longtemps que prévu leurs mesures de relance économique.
Après avoir déjà racheté plus de 2.000 milliards d'euros d'actifs, la BCE débattra le mois prochain d'un arrêt progressif de son programme de rachat de titres après 17 trimestres d'affilée de croissance, prenant acte que la hausse de l'inflation prendra simplement plus longtemps que prévu.
"L'apparente déconnexion entre l'inflation et les capacités inemployées de l'économie semble avoir rendu plus difficiles le contrôle et l'interprétation de la dynamique de l'inflation, ce qui a des conséquences importantes sur la conduite de la politique monétaire", a poursuivi Vitorio Constancio.
"Du point de vue d'un responsable de la politique monétaire, une telle rupture apparente est grave", a-t-il déclaré, ajoutant que combattre une inflation élevée freinerait davantage l'économie réelle, tandis que lutter contre une inflation faible teste les limites des outils de la politique monétaire, au vu de l'importance des mesures de relance exigées.
Alors que l'existence d'un lien entre taux de change et inflation est généralement admise, Vitorio Constancio a fait état d'études récentes la remettant en question.
"Cette vision est particulièrement pertinente pour la zone euro; elle suggère que la récente appréciation de l'euro pourrait avoir un effet modérateur sur l'inflation moins net que ce qui était induit par les moyennes historiques", a-t-il noté.
Tenant compte d'un euro qui a gagné presque 14% par rapport au dollar depuis le début de l'année, la BCE a réduit ce mois-ci certaines de ses prévisions d'inflation, expliquant que la monnaie unique pèserait sur les prix des biens importés, tirant l'inflation vers le bas.
(Balazs Koranyi; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)