par Sebastien Malo et Ellen Wulfhorst
NEW YORK (Reuters) - Un homme a abattu samedi deux policiers à New York avant de se suicider, a annoncé le chef de la police de la ville, et un message laissé sur internet évoque un acte de vengeance pour la mort d'un Noir désarmé lors d'un incident cet été avec les forces de l'ordre new-yorkaises.
L'auteur des coups de feu, Ismaaiyl Brinsley, un Noir âgé de 28 ans, a tiré à l'aide d'un pistolet semi-automatique sur les deux policiers assis à bord de leur véhicule de patrouille dans le quartier de Brooklyn, a dit William Bratton, accompagné du maire Bill de Blasio, lors d'une conférence de presse.
Il s'est ensuite engouffré dans une station de métro, où il s'est tiré une balle dans la tête.
Les deux policiers tués s'appelaient Rafael Ramos, 40 ans, et Wenjian Liu, 32 ans.
Avant de se rendre à Brooklyn, Ismaaiyl Brinsley a grièvement blessé par balle sa compagne, dans le comté de Baltimore dans le Maryland, a précisé William Bratton.
Des médias américains ont montré un message diffusé samedi sur Instagram et émanant apparemment du suspect, qui profère des insultes contre la police: "Je donne des ailes aux porcs aujourd'hui. Ils prennent un des nôtres (...) Prenons deux des leurs."
Ce message est accompagné de hashtags évoquant Eric Garner et Michael Brown, deux Noirs morts cette année dans des incidents impliquant des policiers blancs, le premier à New York, le second à Ferguson dans le Missouri.
Dans les deux cas, des grands jurys ont décidé de ne pas poursuivre les policiers.
Ces décisions ont provoqué des manifestations à New York et dans d'autres villes des Etats-Unis pour dénoncer le traitement des Noirs par la police et l'impunité dont jouiraient les forces de l'ordre.
LE MAIRE DE NEW YORK POINTÉ DU DOIGT
Tenu informé de la mort des deux policiers durant ses vacances à Hawaï, le président américain Barack Obama a dit condamner sans réserve ce double meurtre. Les policiers "méritent chaque jour notre respect et notre gratitude", a-t-il dit.
C'est la première fois depuis 2011 que des policiers new-yorkais sont tués par arme à feu et cet événement devrait nourrir les tensions entre les forces de l'ordre et Bill de Blasio, le maire démocrate de la ville, qu'elles accusent de ne pas les soutenir face à la contestation actuelle.
Bill de Blasio, qui avait fait campagne pour la mairie en promettant d'améliorer les relations entre le NYPD, la police de New York, et la population, a ordonné que les drapeaux soient mis en berne dans toute la ville.
Dirigeant de la Patrolmen's Benevolent Association, premier syndicat de policiers municipaux aux Etats-Unis, Patrick Lynch a jugé qu'"il y a du sang sur beaucoup de mains ce soir".
"Ceux qui ont encouragé la violence dans la rue sous couvert de manifestation, qui ont essayé d'anéantir ce que les agents de la police de New York accomplissent au quotidien", a dit Patrick Lynch lors d'une conférence de presse. "Ce sang sur les mains commence sur les marches de l'Hôtel de ville dans le bureau du maire."
Prié de dire lors de sa conférence de presse si un lien pouvait être établi entre le mouvement de protestation et Ismaaiyl Brinsley, William Bratton a pour sa part répondu: "Il y a (...) actuellement un ensemble très puissant d'initiatives anti-police, anti-système judiciaire, anti-société et un des aspects malheureux parfois est que certaines personnes se retrouvent prises là-dedans et prennent des directions qu'elles ne devraient pas prendre."
L'un des leaders du mouvement de protestation contre les violences policières, le révérend noir Al Sharpton, a également condamné la mort des deux policiers.
(Avec Ian Simpson et Mohammad Zargham à Washington, Julia Edwards à Honolulu, Jonathan Allen et Carlo Alegri à New York; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)