A trois jours du coup d'envoi de l'Euro de football, tous les regards sont braqués mardi sur la SNCF.
L'accueil des syndicats au projet d'accord d'entreprise finalisé dans la nuit est attendu comme le sésame par le gouvernement, après trois mois de fronde sociale.
"Il y a un moment où, selon une formule célèbre, il faut savoir arrêter une grève", lance François Hollande dans La Voix du Nord mardi, au septième jour d'une grève illimitée.
Ces derniers jours, le gouvernement a invoqué, en vain, la "solidarité" face aux intempéries pour demander l'arrêt de cette grève "incompréhensible".
Avec le projet d'accord sur le temps de travail désormais ficelé et ouvert à la signature, les cheminots vont-ils mettre fin à leur grève? "Les assemblées générales décideront", botte en touche la CGT-Cheminots.
L'ultime réunion de négociation aura duré 19 heures et s'est terminée mardi au petit matin. Le projet est ouvert à la signature jusqu'au 14 juin, mais "compte tenu du contexte, le plus vite sera le mieux", estime une source proche de la SNCF.
En attendant, le trafic va rester perturbé mardi avec en moyenne quatre Intercités sur dix, un Transilien et RER sur deux, deux TGV sur trois et six TER sur dix, selon les prévisions de la SNCF.
Si SUD-rail n'entend pas relâcher la pression, la CGT-Cheminots n'a pas encore annoncé la couleur. L'issue du conflit repose essentiellement sur le premier syndicat à la SNCF, qui a le pouvoir d'opposer un veto - avec SUD-rail - au texte que l'Unsa et la CFDT devraient signer.
Au niveau de la branche, les syndicats ont jusqu'à mercredi soir pour signer un projet d'accord sur une première convention collective commune aux salariés du rail, privé ou public. Mais la CGT et SUD demandent toujours la réouverture des négociations. A ce niveau aussi, ils sont en mesure, avec FO, de s'opposer au texte.
- Erosion du mouvement anti-loi travail -
Si le gouvernement parvient à régler le conflit à la SNCF, une autre menace se profile: celle des pilotes d'Air France qui ont déposé des préavis de grève à partir de samedi matin et jusqu'au mardi suivant.
Il s'agit cette fois de motifs uniquement internes, liés aux efforts de productivité demandés par la compagnie. Une nouvelle rencontre syndicats/direction est prévue mardi après-midi.
Coincé entre opposition à la loi travail et revendications plus catégorielles, l'exécutif a multiplié ces dernières semaines les gages, au cas par cas, mais refuse de plier sur le texte de la ministre Myriam El Khomri. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en a fait les frais lundi, en essuyant des jets d'oeufs à Montreuil.
En face, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL appelle toujours à "renforcer la mobilisation" avec en ligne de mire la manifestation nationale du 14 juin à Paris.
Cependant, face à la détermination du gouvernement et l'érosion de la mobilisation dans les raffineries, la question d'une sortie de crise commence à poindre dans le camp des opposants.
Une majorité (54%) de Français désapprouve désormais la poursuite des grèves et manifestations contre la loi travail.
Côté pétrole, seules quatre des huit raffineries restent perturbées par les grèves. Total (PA:TOTF) évoque un quasi retour à la normale dans ses stations-service.
Dans le secteur des déchets ménagers, quatre sites de traitement, en Ile-de-France et en Ariège, étaient encore bloqués lundi soir, dont le plus important site de la région parisienne, Ivry-sur-Seine/Paris 13, depuis une semaine. A Saint-Etienne (Loire), la grève des éboueurs s'étendait.
Quant au secteur de l'énergie, ses salariés sont appelés à une nouvelle journée de grève et d'"intervention sur l'outil de travail" jeudi. La semaine dernière, leur action s'était traduite notamment par une coupure d'électricité géante dans la région de Saint-Nazaire.
Enfin, dans les transports parisiens, SUD devrait rejoindre vendredi la grève illimitée à la RATP lancée par la CGT jeudi dernier. Un mouvement qui pour l'instant ne perturbe que légèrement le tronçon Sud du RER B, selon la régie des transports.