Il ne le nomme pas directement mais le message est limpide: le conseiller économique en chef de Donald Trump, Gary Cohn, dont le nom circule pour diriger la Fed, n'a pas apprécié les propos du président américain après les violences racistes de Charlottesville.
Une semaine après les rumeurs sur son possible départ de l'administration qui avaient fait tanguer Wall Street, l'influent chef du Conseil économique national (NEC), qui est juif, sort de son silence.
"Les citoyens qui prennent position pour l'égalité et la liberté ne peuvent jamais être mis sur le même plan que les suprémacistes blancs, les néo-nazis et le KKK", affirme-t-il dans un entretien publié vendredi par le Financial Times.
"Cette administration peut et doit mieux faire pour condamner de manière constante et sans équivoque ces groupes et faire tout ce que nous pouvons pour apaiser les divisions qui existent au sein de nos communautés", poursuit-il.
Une femme de 32 ans a été tuée à Charlottesville quand un sympathisant néo-nazi de 20 ans, James Fields, a intentionnellement percuté avec son véhicule des contre-manifestants.
M. Cohn était présent au côté de Donald Trump le 16 août devant les ascenseurs dorés de la Trump Tower lorsque ce dernier avait provoqué une vague d'indignation en affirmant que la responsabilité des violences qui ont secoué Charlottesville devait être recherchée "des deux côtés" et qu'il y avait "des gens très bien" dans les deux camps.
Les propos présidentiels avait été immédiatement salués par David Duke, un ancien leader du Ku Klux Klan, qui avait remercié le locataire de la Maison Blanche pour son "honnêteté" et son "courage".
"En tant que juif américain, je ne laisserai pas des néo-nazis qui braillent +Les juifs ne nous remplaceront pas+ être la cause du départ du juif que je suis", dit encore Gary Cohn dans son entretien au quotidien britannique.
- Silence de Trump -
"En tant qu'Américain patriote, je suis réticent à quitter mon poste (...) car je pense que j'ai le devoir de tenir mon engagement de travailler pour les Américains", explique celui qui, selon le New York Times, avait même préparé une lettre de démission.
"Mais je me sens aussi tenu d'exprimer mon désarroi sur ce qui s'est passé au cours des deux dernières semaines", poursuit l'ancien banquier, dont c'est la première prise de position sur le sujet.
Le nom de Gary Cohn, ancien numéro deux de Goldman Sachs (NYSE:GS), est régulièrement cité pour diriger la Réserve fédérale américaine (Fed) si Donald Trump décidait de ne pas renouveler son actuelle présidente, Janet Yellen.
Ses propos contrastent singulièrement avec ceux du secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, également juif et également présent lors de la désormais célèbre conférence de presse improvisée de la Trump Tower, qui avait défendu le magnat de l'immobilier, assurant que ses propos avaient été déformés.
Donald Trump, qui goûte peu les critiques dans ses rangs, n'avait pas réagi aux propos de son proche conseiller économique vendredi en milieu de journée.
Le sénateur républicain du Tennessee Bob Corker, qui a jugé il y a quelques jours que Donald Trump n'avait "pas encore réussi à démontrer qu'il avait la solidité et les compétences nécessaires pour réussir", a eu droit à un traitement différent.
"Etrange déclaration de Bob Corker quand on sait qu'il me demande en permanence s'il devrait se représenter en 2018", a ironisé le président américain sur Twitter. "Le Tennessee n'est pas content!".