Récemment pointées du doigt pour leurs frais en moyenne plus élevés qu'à l'étranger, les banques françaises sont invitées à faire de gros efforts, notamment pour leurs clients les moins riches.
Remis jeudi à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, un rapport du l'ex-patron du Crédit Agricole, Georges Pauget, et du président du Comité consultatif des services financiers (CCSF), Emmanuel Constans, préconise une dizaine de mesures pour rendre ces tarifs plus justes et plus équilibrés.
Il va être transmis pour consultation la semaine prochaine au CCSF et Mme Lagarde décidera en septembre de la mise en oeuvre des propositions.
Sa mesure phare: un "package sécurité", destiné à éviter les frais bancaires aux ménages les plus fragiles.
Ce package comprendra une carte de paiement avec interrogation systématique du compte, en lieu et place du chéquier, pour éviter les chèques sans provision. En outre, la banque devra baisser de 50% les frais pour les prélèvements et chèques sans provision, et plafonner leur nombre, pour les clients les plus pauvres.
Selon M. Pauget, les banques sont d'ores et déjà d'accord pour réduire ces frais. "C'est acquis", a-t-il dit.
Ces frais-sanctions "représentent deux tiers des plaintes de consommateurs qui arrivent chez nous", a déclaré Serge Maître, secrétaire général de l'AFUB (Association de défense des usagers des banques), qui se réjouit globalement des mesures présentées jeudi, car elles reprennent "beaucoup de nos idées et suggestions".
Concernant la transparence des tarifs financiers, Mme Lagarde a reconnu que les banques avaient un "sérieux effort à faire pour rendre leurs conditions tarifaires compréhensibles de tous".
A ce sujet, le rapport préconise que la plaquette des tarifs prévoit une liste des 10 opérations les plus courantes et leurs tarifs, afin que les clients puissent mieux comparer les offres.
Actuellement chaque banque présente ses tarifs à sa guise.
Toujours dans le même souci de transparence, le rapport préconise une uniformisation des termes employés par les banques. En effet, une même opération peut avoir plusieurs noms différents, ce qui est perturbant pour le client.
En France, les frais bancaires s'élèvent en moyenne 157 euros par an. La moyenne des sept principaux pays européens est de 137 euros.
Sur ce montant, près de la moitié concerne les frais-sanctions encaissés en cas de découvert ou de chèque sans provision.
Depuis 2 ans, la loi oblige les banques à adresser tous les ans un relevé annuel de leurs frais, de telle sorte que le client puisse se rendre compte combien lui coûte sa banque.
Les auteurs du rapport préconisent aujourd'hui que les banques fassent ce relevé de frais tous les mois, dans le décompte mensuel.
A ce propos, la Fédération bancaire française (FBF), qui a aussi été consultée, relève qu'il y aurait un risque de doublon avec le relevé annuel.
La FBF se déclare cependant prête à participer dans un "esprit constructif" aux travaux de consultation au sein du CCSF dès la semaine prochaine, et souhaite que ces "échanges aboutissent à des mesures efficaces, simples et utiles pour renforcer l'information" des clients.
"C'est la première fois qu'un tel travail est entrepris, après consultation à la fois des professionnels et des associations de consommateurs", a déclaré à l'AFP M. Pauget, co-auteur du rapport commandé par Mme Lagarde en mars dernier.