La dépréciation à hauteur de plus d'un demi-milliard d'euros de l'armada des TGV a fait plonger l'an dernier les bénéfices de la SNCF, dont la marge n'a pas suffisamment progressé pour financer ses investissements sans cessions d'actifs.
L'entreprise est en revanche parvenue, pour la première fois depuis 2007, à réduire son endettement et s'inscrit sur ce point en avance sur ses objectifs.
La SNCF a dévoilé jeudi un bénéfice net 2011 en chute libre (-82%), en raison de 840 millions d'euros de dépréciations d'actifs.
L'écrasante majorité de cette somme (700 millions) porte sur les TGV, "pour tenir compte du surdimensionnement" de la flotte, selon le président de l'entreprise, Guillaume Pepy.
Avec près de 500 rames, les TGV pèsent lourdement sur le montant des péages de circulation réglés à Réseau ferré de France (RFF), a-t-il expliqué.
Conséquence: le résultat net a plongé à 125 millions d'euros, contre 697 millions en 2010, année du retour au vert.
La marge opérationnelle, indicateur privilégié par la direction, a progressé de 41,2%, à 3,02 milliards d'euros. Elle représente 9,3% du chiffre d'affaires, confirmé en hausse de 7,2% sur un an à 32,6 milliards d'euros, dont 23% réalisés à l'international.
Le taux de marge est en progression sur un an. Il était de seulement 7,1% fin 2010. Mais il n'atteint pas l'objectif de 10 à 12% que s'est fixé l'entreprise pour financer ses investissements sans avoir à solder d'actifs.
La SNCF a d'ailleurs procédé l'an dernier à des cessions à hauteur de 478 millions d'euros, dont 214 millions d'actifs immobiliers destinés à boucler ses investissements.
"En 2011, la marge opérationnelle de toutes nos activités progresse, grâce aux effets de la stratégie de redressement conduite depuis le début de la crise", a déclaré Guillaume Pepy en présentant les résultats du groupe.
"Tout n'est pas encore réglé pour atteindre un niveau de profitabilité satisfaisant dans chaque branche", a-t-il cependant reconnu.
Il a pointé du doigt la gourmandise, jugée excessive en liquidités, du transport de marchandises en France et "les actifs TGV" qui "ont dû être dépréciés pour tenir compte du surdimensionnement" de la flotte.
La SNCF a en revanche réussi à ramener dans le vert l'an dernier son flux de trésorerie, qui s'établit à 261 millions d'euros, contre un trou de 162 millions en 2010.
Autre satisfaction: l'endettement du groupe a été réduit de 170 millions à 8,32 milliards d'euros, une baisse de 2% qui est la première depuis 2007.
"La stabilisation de notre dette était prévue à l'horizon 2012/2013, nous sommes donc avance sur la trajectoire fixée", s'est réjoui David Azéma, directeur de la stratégie du groupe SNCF.
La branche Voyages (TGV français et international), malgré "l'impact des travaux sur le réseau et une conjoncture peu porteuse", a enregistré l'an dernier une hausse de 5,4% de son chiffre d'affaires à 7,2 milliards d'euros, tiré notamment par une croissance de 3,6% du nombre de voyageurs.
La branche Proximités (TER, Transilien, Intercités) enregistre la plus forte hausse d'activité à 12,3 milliards d'euros (+10,1%).
Les "trains d'équilibre du territoires" (grandes lignes hors TGV) "représentent près d'un quart de la croissance" de la branche, tirant profit de la convention signée en 2010 qui prévoit une contribution de l'Etat à hauteur de 210 millions d'euros pour soutenir 40 lignes déficitaires.
La branche infrastructures (SNCF Infra) voit sa marge opérationnelle bondir de 68%, bénéficiant de la nouvelle convention en vertu de laquelle Réseau ferré de France (RFF) lui a versé 2,1 milliards d'euros en 2011 pour couvrir ses charges d'entretien du réseau.