BRASILIA (Reuters) - Le sénat brésilien a tenu jeudi une audience au cours de laquelle ont été dénoncées les pratiques fiscales et les violations du droit du travail pratiquées, selon des témoins, par la chaîne américaine de fast-food McDonald's dans le pays.
Arcos Dorados Holdings, principal franchisé de McDonald's dans le monde et premier opérateur de la chaîne en Amérique latine où il emploie 95.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 3,7 milliards de dollars en 2014, a refusé de participer à l'audience, selon un porte-parole de l'entreprise.
"Nous sommes totalement convaincus que la compagnie respecte le droit du travail depuis l'ouverture de son premier restaurant au Brésil il y a 36 ans", affirme Arcos Dorados dans un communiqué.
Des représentants syndicaux ont expliqué aux sénateurs que les franchisés de McDonald's au Brésil refusaient de payer les heures supplémentaires à leurs salariés, ne leur permettaient pas de se syndiquer et ne fournissaient pas à leurs employés les équipements de protection nécessaires en cuisine, les exposant ainsi à des risques de brûlures.
"Au lieu d'alimenter la société avec de bons emplois et d'acquitter sa juste part d'impôts, McDonald's exploite la société, pousse les gens dans des emplois sans avenir et échappe à l'impôt", a commenté Scott Courtney du syndicat international des employés de service (SEIU).
Le syndicat qui compte 1,9 million de membres mène depuis une grève à New York en 2012 une campagne pour un salaire de 15 dollars de l'heure dans l'industrie américaine du fast-food.
"McDonald's est un acteur mondial et partout dans le monde, les gens doivent savoir que c'est un acteur injuste sur lequel il faut faire pression pour qu'il acquitte ses impôts et assure des salaires décents", a jugé Jutta Steinbruck, membre du parlement européen.
McDonald's fait actuellement l'objet d'une enquête en Europe où la compagnie aurait échappé à l'impôt pour un montant d'un milliard d'euros.
L'une des principales centrales syndicales brésiliennes, l'UGT, a déposé une plainte vendredi dernier demandant au parquet d'ouvrir une enquête pour évasion fiscale, concurrence déloyale et violation du droit sur les franchises par Arcos Dorados.
Les personnes appelées à témoigner devant le sénat brésilien ont demandé l'ouverture d'une enquête sur les pratiques dans les restaurants fast-food au Brésil.
Une telle initiative exige la signature de 80 parlementaires et la fourniture de preuves que des infractions ont été commises, a dit Antonio Carlos Mendes Thame, un parlementaire qui assistait à l'audience.
De précédentes plaintes déposées au Brésil n'ont pas affecté McDonald's et aucune mesure n'a été prise par les services de l'inspection du travail.
(Anthony Boadle; Pierre Sérisier pour le service français)