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Pékin salue la décision des Européens de rejoindre la banque AIIB et raille les Etats-Unis

Publié le 18/03/2015 12:43
Le ministre chinois des Finances Lou Jiwei s'adresse aux signataires de l'accord donnant naissance à l'AIIB, le 24 octobre 2014 à Pékin (Photo Takaki Yajima. POOL)

Le ministre chinois des Finances Lou Jiwei s'adresse aux signataires de l'accord donnant naissance à l'AIIB, le 24 octobre 2014 à Pékin (Photo Takaki Yajima. POOL)

Médias et officiels chinois saluaient mercredi la décision de plusieurs pays européens, dont la France, de rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) et raillaient l'opposition obstinée de Washington à ce projet lancé par Pékin.

"Bienvenue à l'Allemagne, bienvenue à la France et à l'Italie!", s'exclamait de façon emphatique un commentaire de l'agence officielle Chine nouvelle, intitulé: "Mais qu'est-ce qu'attendent donc encore les Etats-Unis?".

Emboîtant le pas au Royaume-Uni, Paris, Berlin et Rome ont annoncé de concert mardi leur intention de devenir "des membres fondateurs potentiels" de l'AIIB, dont l'objectif sera de financer des travaux d'infrastructures dans la région asiatique.

Projet dévoilé par la Chine en octobre, cette nouvelle banque de développement --qui devrait être basée à Pékin et dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars-- est farouchement critiquée par Washington.

Elle ferait en effet concurrence à la Banque mondiale, ainsi qu'à la Banque asiatique de développement (BAD) dominée par le Japon et les Etats-Unis, avivant les luttes de pouvoir dans le paysage déjà compliqué des institutions internationales de financement, sur fond de montée en puissance de l'influence chinoise en Asie.

L'annonce des trois Etats européens mardi constitue une "décision courageuse mais rationnelle", et adresse "un message limpide" à des Etats-Unis "irascibles et cyniques", poursuivait l'agence Chine Nouvelle.

Alors que Washington "essayait de forger une alliance anti-AIIB parmi ses alliés", l'Amérique apparaît désormais "isolée et hypocrite" et "se sentira de plus en plus seule, si elle s'obstine à rester à l'écart", insistait le média d'Etat.

Le Global Times, journal organe du Parti communiste, évoquait pour sa part sans ambages une victoire proprement chinoise.

"La Chine a remporté la course sur le dossier de l'AIIB, y obtenant également des droits importants pour l'avenir", a-t-il estimé dans un éditorial.

-'Obstruction contre-productive'-

Sans surprise, le ministère chinois des Finances a accueilli la nouvelle avec enthousiasme, indiquant dans un communiqué que Pékin allait désormais "consulter les autres pays (déjà engagés)".

Le trio France-Allemagne-Italie "pourra officiellement intégrer le cercle des membres fondateurs potentiels de l'AIIB d'ici à deux semaines, si le processus d'approbation se déroule sans encombres", a-t-il précisé.

La réaction a été plus glaciale de l'autre côté du Pacifique, où les Etats-Unis, sans critiquer ouvertement leurs alliés européens, ont rappelé leurs réticences à l'égard de l'AIIB.

Le Secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a ainsi fait part mardi de ses "préoccupations" quant aux standards de gouvernance de la future institution, notamment sur les droits des travailleurs, l'environnement ou la corruption.

Les Européens, empêtrés dans une conjoncture économique morose, pourraient être en mesure de viser via l'AIIB de nouvelles opportunités d'investissements en Asie.

Pour le Global Times, "presque tous les pays y trouveront leur compte". Le China Daily renchérissait, en assurant que la nouvelle banque n'était "pas un instrument de soft-power chinois".

"L'obstruction des Etats-Unis est contreproductive, Washington et Pékin n'ayant aucune raison de s'affronter sur ce sujet", avançait le quotidien d'Etat.

Et d'ajouter, non sans ironie: "Washington a appelé avec insistance Pékin à agir en puissance +responsable+. L'initiative de l'AIIB est notre dernière réponse en date à cet appel".

C'est également sur le caractère "inclusif et ouvert" de l'institution qu'a insisté mercredi Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, affirmant lors d'un point-presse que "la porte sera toujours ouverte".

Dans ces conditions, "peut-être les Etats-Unis eux mêmes vont-ils finir par se résoudre à rejoindre un jour l'AIIB", concluait justement le Global Times. "Au rythme où se développe la Chine, cela n'a rien d'impossible".

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