La Bourse de Paris a terminé en forte baisse lundi perdant 2,61%, prudente face à la menace des agences de notation qui plane sur la zone euro et dubitative quant à l'efficacité des mesures issues du dernier sommet européen.
Le CAC 40 a lâché 82,76 points à 3.089,59 points, dans un volume d'échanges de 2,354 milliards d'euros. La semaine dernière, il avait grignoté 0,23%.
Parmi les autres places boursières européennes, Francfort a lâché 3,36%, Londres 1,83% et l'Eurostoxx 50 3,12%.
L'indice vedette parisien a passé la journée dans le rouge, dans une séance dépourvue de statistiques économiques majeures.
"Le marché a accéléré sa baisse dans le sillage de Wall Street et avec des volumes très faibles", observe Yann Azuelos, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.
L'analyste rappelle que beaucoup d'investisseurs "attendent avec impatience le début d'année pour remettre les compteurs à zéro", après une année difficile, ce qui explique la prudence actuelle des gérants.
Par ailleurs, "il y a des doutes autour des avancées du sommet de Bruxelles", ce qui rend peu entreprenant le marché, explique M. Azuelos.
La crise en zone euro et les solutions apportées par les dirigeants politiques sont restées au centre des préoccupations des investisseurs, qui redoutaient désormais le verdict des agences de notation.
Moody's a déploré lundi matin une "absence de mesures" décisives lors de la rencontre entre les responsables européens la semaine dernière, confirmant du même coup qu'elle réexaminerait au premier trimestre 2012 les notes attribuées aux dettes des pays de la zone euro et de l'Union européenne.
Sa concurrente, Standard & Poor's, qui menace de dégrader les notes de 15 pays de l'Union monétaire dont la France et l'Allemagne, a prévu pour sa part d'achever son évaluation "le plus tôt possible après le sommet européen".
De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a commencé à préparer la France à une perte de son fameux AAA, une "difficulté de plus, pas insurmontable", selon lui.
Fitch a quant à elle a revu en baisse ses prévisions de croissance mondiale en 2012 et 2013 à 2,4% et 3,0%, évoquant des "incertitudes croissantes" et notamment "les tensions financières" dans la zone euro.
"L'accord sur un pacte budgétaire à 26 a rassuré les investisseurs... mais il faudra aller plus loin pour que les indices actions progressent au-delà des niveaux de vendredi dernier", souligne Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.
Selon lui, "l'évolution des taux souverains sera un bon baromètre pour prévoir la tendance des marchés actions".
Or, lundi soir, les rendements à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie se tendaient très nettement, signe de l'inquiètude des investisseurs sur la zone euro malgré le sommet.
Les investisseurs ont une nouvelle fois évité les valeurs financières, sur fond de doutes sur la zone euro. BNP Paribas a perdu 5,05% à 30,87 euros, Crédit Agricole 4,69% à 4,57 euros et Société Générale 4,88% à 18,60 euros.
Axa a chuté de 6,45% à 10,45 euros, pénalisé par Standard & Poor's qui envisage de baisser la note de quinze assureurs européens, dont le français.
STMicroelectronics a perdu 3,29% à 4,29 euros après les mauvaises prévisions de l'américain Intel. Le numéro un mondial des microprocesseurs a annoncé que son chiffre d'affaires du quatrième trimestre serait inférieur d'environ un milliard de dollars à ce qu'il avait prévu.
Areva, qui a repris sa cotation peu après 16H30, sur une chute de 13% après avoir été suspendu depuis l'ouverture, a perdu 5,56% à 19,20 euros, pénalisée par l'annonce d'un vaste plan d'économies d'ici 2015 et d'une lourde perte prévue pour 2011.
Les valeurs défensives, les moins soumises aux soubresauts des marchés, ont surnagé à l"image de Pernod Ricard (+0,12% à 69,38 euros) et Essilor (+0,08% à 52,92 euros).
Enfin, le titre du groupe Guyenne et Gascogne a été suspendu lundi dans l'attente d'informations, alors que le distributeur Carrefour (-3,73% à 17,83 euros) avait fait état en fin de semaine passée de discussions en vue d'un possible rapprochement.