Par Peter Nurse
Investing.com -- Les États-Unis et l'UE mettent fin à un différend sur les subventions aéronautiques, tandis que le Royaume-Uni et l'Australie signent un accord commercial. Bitcoin grimpe au-dessus de 40 000 $, le brut continue d'augmenter tandis que de nombreuses données économiques sont prévues alors que la Réserve fédérale entame sa dernière réunion de deux jours. Voici ce qui fait bouger les marchés ce mardi 15 juin.
1. Accords commerciaux
Il a peut-être fallu la menace de la Chine qu'ils grignotent leurs marchés, mais les États-Unis et l'Union européenne ont finalement accepté de mettre fin à leur différend de 17 ans sur les subventions aéronautiques accordées à Airbus et Boeing.
Cet accord ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération transatlantique en matière d'aides d'État, à un moment où la Chine tente de supplanter le duopole des avions civils Boeing-Airbus. Le constructeur aéronautique d'État Commercial Aircraft Corp. of China, ou Comac, est en passe de devenir un rival légitime dans la construction aéronautique mondiale d'ici la fin de la décennie.
À 13h30, l'action Airbus (PA:AIR) a progressé de 1,3 %, ce qui porte son gain à 26 % cette année. L'action Boeing (NYSE:BA), qui a gagné près de 15 % depuis le début de l'année, était en hausse de 1 % avant l'ouverture du marché américain.
En 2019, l'Organisation mondiale du commerce a autorisé les États-Unis à imposer des droits de douane sur 7,5 milliards de dollars d'exportations européennes par an en raison du soutien du gouvernement à Airbus, tandis que l'UE a obtenu l'autorisation de riposter par des prélèvements sur 4 milliards de dollars de marchandises américaines.
Cet esprit de bonhomie s'est poursuivi mardi puisque la Grande-Bretagne et l'Australie ont conclu un accord commercial, a déclaré le ministre australien du commerce, Dan Tehan, cet accord étant le premier accord commercial de la Grande-Bretagne depuis le Brexit.
La Grande-Bretagne est le huitième partenaire commercial de l'Australie, avec des échanges bilatéraux d'une valeur de 26,9 milliards de dollars australiens (20,7 milliards de dollars). Avant que la Grande-Bretagne ne rejoigne le marché commun européen en 1973, elle était le marché commercial le plus lucratif de l'Australie.
L'accord sera examiné de près, notamment par les agriculteurs britanniques, qui craignent de devoir cesser leurs activités si l'accord élimine les droits de douane sur les importations d'agneau et de bœuf en provenance d'Australie.
2. Les actions en légère hausse ; résultats attendus d'Oracle
Les actions américaines ouvrent en légère hausse mardi, dans un marché terne, avant le début de la dernière réunion de politique générale de deux jours de la Réserve fédérale.
Vers 13h30, les Dow Jones futures étaient en hausse de 20 points, soit 0,1%, les S&P 500 futures étaient en hausse de 0,1% et les Nasdaq 100 futures ont grimpé de 0,1%.
L'indice général {{166|S&P 500} et l'indice technologique Nasdaq Composite ont clôturé à des niveaux records lundi, gagnant respectivement 0,2 % et 0,7 %, tandis que l'indice des valeurs vedettes Dow Jones Industrial Average a perdu 0,3 %.
La réunion de deux jours de la Réserve fédérale commence plus tard mardi, et bien que la banque centrale ne devrait pas prendre de mesures cette fois-ci, elle pourrait faire allusion à ses futurs plans de réduction des taux d'intérêt compte tenu de la récente flambée des prix à la consommation.
"La Fed sera probablement contrainte de débattre d'un dépassement modéré de l'objectif d'inflation, mais il semble toujours que le marché écarte les grandes surprises directionnelles concernant les perspectives d'inflation. La Fed ne sera pas convaincue d'une pression soutenue en juin", ont déclaré les analystes de Nordea, dans une note de recherche.
Dans l'actualité des entreprises, Oracle (NYSE:ORCL) sera sous les feux de la rampe, la société technologique ayant affiché un bénéfice par action de 1,31 $ pour un chiffre d'affaires de 11,02 milliards de dollars au quatrième trimestre clos le 31 mai.
Southwest Airlines (NYSE:LUV) sera également au centre de l'attention après que la compagnie aérienne a commencé à reprendre ses vols à travers les États-Unis tard lundi, après qu'ils aient été retardés pendant des heures en raison d'un problème technique dans un système d'information météorologique.
3. Déluge de données
Une grande partie de l'attention va être portée sur le début de la réunion de deux jours de la Réserve fédérale, mais il y a également beaucoup de données économiques importantes à étudier mardi.
La Fed a répété à plusieurs reprises que les pics de prix à court terme ne se traduiront pas par une inflation durable, mais les prix payés par les entreprises aux producteurs devraient continuer à augmenter, faisant un bond de 0,6 % en mai par rapport aux niveaux d'avril, ce qui correspond à l'augmentation du mois précédent, lors de la publication à 14h30.
D'une année sur l'autre, l'indice IPP devrait avoir augmenté de 6,3 %, soit la plus forte hausse depuis que l'agence a commencé à suivre ces données en 2010. Il avait bondi de 6,2 % sur une base annuelle en avril.
Dans le même temps, les ventes au détail de base en mai, un chiffre qui exclut les automobiles, devraient augmenter de 0,2% par rapport au mois précédent. Elles s'étaient contractées de 0,8% en avril. Dans l'ensemble, les ventes au détail sont attendues en baisse de 0,7 % pour le mois après avoir été stables précédemment.
Les données de la production industrielle, attendues 45 minutes plus tard, seront suivies de près dans un contexte de contraintes d'approvisionnement et de pénuries sur le marché du travail.
Plus tôt mardi, le marché de l'emploi britannique s'est renforcé pour un sixième mois en mai, l'économie sortant un peu plus de la crise du coronavirus.
Les entreprises britanniques ont augmenté leur nombre d'employés de 197 000 en mai, soit la plus forte augmentation sur un mois depuis le début des enregistrements en juillet 2014. Les chiffres ont également montré la croissance la plus rapide des salaires globaux depuis 2007 au cours de l'année qui s'est terminée en avril.
4. Le bitcoin franchit la barre des 40 000 dollars
Le bitcoin, la plus grande crypto-monnaie du monde en termes de capitalisation boursière, repart à la hausse, dépassant la barre des 40 000 dollars pour la première fois depuis fin mai.
La principale source de cette nouvelle poussée vers le haut est une personne familière, Elon Musk. Le patron de Tesla (NASDAQ:TSLA) a laissé entendre ce week-end que le constructeur de voitures électriques pourrait recommencer à utiliser la monnaie numérique comme moyen de paiement, quelques semaines seulement après l'avoir exclue en raison de la consommation d'énergie prétendument inadaptée liée à son extraction.
À 13h30, Bitcoin était en hausse de 3 % à 40 182,00 $, se redressant et sortant de sa récente fourchette de négociation, après s'être effondré d'un pic record de près de 65 000 $ en avril.
Cependant, le bitcoin a d'autres atouts en main.
Dans un communiqué officiel publié lundi, MicroStrategy (NASDAQ:MSTR) a annoncé qu'elle avait conclu la vente de billets garantis à échéance 2028, levant ainsi environ 488 millions de dollars, que la société de veille stratégique utilisera pour acquérir davantage de bitcoins.
Les investisseurs institutionnels ont été enthousiasmés par l'offre, MicroStrategy ayant reçu plus de 1,5 milliard de dollars d'ordres, tandis que ses actions ont bondi de plus de 15 % après l'annonce, ce qui suggère que les investisseurs restent optimistes quant à l'avenir du bitcoin malgré la récente correction du marché.
Pour renforcer ce sentiment haussier, et après l'annonce par le Salvador de l'adoption du bitcoin comme monnaie légale, la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a demandé aux responsables financiers du pays d'Afrique de l'Est de se préparer à une adoption plus large des crypto-monnaies dans le monde, tandis que le département bancaire du Texas a publié la semaine dernière un avis confirmant que les banques agréées par l'État pouvaient détenir des bitcoins.
Parallèlement, le bitcoin est en cours d'amélioration, la première mise à niveau en quatre ans venant d'être approuvée par les mineurs du monde entier.
Cette mise à niveau, appelée Taproot, devrait prendre effet en novembre. Elle devrait permettre de renforcer la confidentialité et l'efficacité des transactions et, surtout, de débloquer le potentiel des contrats intelligents, une caractéristique clé de la technologie blockchain qui élimine les intermédiaires des transactions les plus complexes.
Le bitcoin a toujours ses sceptiques - le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, en fait partie, puisqu'il a souligné sa grande volatilité dans un discours lundi, affirmant qu'il ne s'agit pas d'une méthode de paiement fiable - mais il semble que les partisans de la monnaie numérique aient le vent en poupe pour le moment.
5. Le pétrole brut reste fort ; les élections iraniennes en vue
Les prix du pétrole brut se sont orientés à la hausse mardi, restant près des sommets pluriannuels, alors que la menace immédiate d'une offre supplémentaire de l'Iran revenant sur le marché s'est éloignée.
À 13h30, le Brut américain était en hausse de 0,4 % à 71,15 $ le baril, non loin de son plus haut niveau depuis octobre 2018, tandis que le Brent était en hausse de 0,3 % à 73,10 $, autour de son plus haut depuis mai 2019.
Les marchés du brut ont affiché des gains de plus de 40 % depuis le début de l'année, car l'intensification des programmes de vaccination a permis à de nombreux pays occidentaux de se défaire de leurs restrictions Covid-19, ce qui a entraîné une reprise de l'économie mondiale.
L'Agence internationale de l'énergie a prédit la semaine dernière que la demande mondiale de pétrole retrouvera ses niveaux pré-pandémiques à la fin de l'année prochaine.
Toutefois, les discussions entre l'Iran et les puissances mondiales, dont les États-Unis, en vue de relancer l'accord nucléaire de 2015 constituent un facteur qui pèse sur le marché. Si un accord est conclu, les États-Unis pourraient lever les sanctions contre l'Iran, ce qui permettrait au pays du golfe Persique de reprendre ses exportations de brut, ajoutant potentiellement jusqu'à deux millions de barils de brut par jour au marché mondial.
Cela dit, il est "de plus en plus improbable que les États-Unis rejoignent l'accord sur le nucléaire iranien avant les élections présidentielles iraniennes qui auront lieu plus tard cette semaine", ont indiqué les analystes d'ING (AS:INGA) dans une note.
Ces élections ont lieu vendredi, et le favori est Ebrahim Raisi, un critique implacable de l'Occident qui a été sanctionné par les États-Unis en 2019 pour des violations des droits de l'homme.
Raisi, comme tous les autres candidats, soutient les discussions entre l'Iran et les puissances mondiales pour relancer l'accord nucléaire de 2015 et ainsi lever les sanctions. Cependant, il est difficile de voir les États-Unis, et les autres puissances occidentales d'ailleurs, réagir trop favorablement à son élection.